A l’heure où la parité est plus que jamais au cœur des débats, les mentalités peinent encore à évoluer. Le cas est flagrant pour les postes à responsabilité. Moins de 30% des cadres dirigeants sont des femmes. Pourtant certaines arrivent à se faire une place dans des milieux où on ne les attendait pas. Nous avons suivi quatre femmes qui ont réussi à briser le plafond de verre et s’élever au rang de « cheffes » dans des milieux traditionnellement masculins. A travers des projets d’envergure et des chemins semés d’embûches, nous découvrirons les coulisses trépidantes de leurs vies de cheffes.
C’est un baptême du feu pour Muriel Signouret ; elle vient tout juste d’accéder au poste de directrice de la Gare de Lyon à Paris où transitent chaque jour plus de 300 000 voyageurs ! Rien ne lui sera facilité lors de ces premiers mois à la tête de l’établissement. Entre les rebondissements quotidiens de la gare et des drames inattendus (manifestations, tentative de meurtre…), elle va découvrir un métier sans répit « J’aime le côté imprévisible de mon job. J’aime gérer les urgences et cette adrénaline. J’arrive le matin et je ne sais jamais comment va se dérouler ma journée ! Si je devais re signer, je le ferais sans hésiter ! »
A 33 ans, Lucie Leguay est une jeune chef d’orchestre. Pourtant sa carrière est déjà impressionnante. En 2023 elle a même décroché la révélation de l’année aux Victoires de la musique classique. Elle a su s’imposer dans un milieu où les femmes ne sont que 4% à tenir la baguette. La jeune lilloise va relever son plus grand défi, elle doit diriger un concert à la Philharmonie de Paris avec le prestigieux orchestre de la Garde Républicaine. « Ça peut partir très vite en vrille si je me déconcentre à un moment donné. Ils attendent que je sois le pilier et que je sois là pour les rassurer. On n’a pas le droit à l’erreur à cette position-là ». A la tête de 126 artistes, la maestra devra préparer ce grand évènement en seulement …. quatre jours !
Charlotte Hubert est, elle aussi, une perle rare : elle est la troisième femme architecte en cheffe des monuments historiques depuis 1893 ! « J’ai connu une période de bizutage assez sévère. Quand vous avancez dans ce métier, le machisme est là et on doit s’y confronter quasi quotidiennement et ce … encore aujourd’hui. » C’est à Rouen qu’elle réalise l’un des plus importants chantiers de sa vie : la restauration de l’abbatiale de Saint-Ouen. Ce joyau Normand des 14ème et 15ème siècles est en péril, tout est à restaurer : de la charpente aux gargouilles, en passant par sa rose en verre unique. Un projet à 24 millions d’euros ! « C’est une chance inouïe parce que quand on se forme pour ce métier-là, on le fait pour ce genre de chantier ! »
Quant aux procureures, cheffes de parquet, elles ne sont que 28% à être des femmes, et en Avignon, c’est Florence Galtier qui tient ce poste. Elle est à la tête d’une vingtaine de personnes au tribunal, mais dirige également les enquêtes avec la police. La Procureure de la République qui se bat quotidiennement contre les crimes et les délits de sa région, doit actuellement préparer un procès très attendu et ultra médiatisé. « C’est un procès qui a fortement marqué la ville, la région, la nation. Il y a des cas qui nous impactent plus que d’autres et celui-là en fait partie. Je veux tout donner, dans ce procès ».