Je collectionne, tu collectionnes, elle collectionne... Qu’ils soient libéllocénophiles, amateurs de menus de restaurants, ludophiles ou fous de jouets, ces hommes et femmes collectionnent des objets de façon compulsive. Nostalgie, volonté de sauver le patrimoine ou simple besoin de s’occuper, les motivations sont multiples.
Pendant plusieurs mois, les équipes de "Grands reportages" ont suivi ces doux-dingues capables de chiner, traquer, négocier sans relâche. Leurs terrains de jeu sont multiples - brocantes, vide-greniers, informateurs secrets ou ventes aux enchères…
Mais tous ont le même objectif : obtenir LA pièce manquante à leur collection, le Graal tant convoité... avec parfois des déceptions, des conséquences aussi sur la vie de famille souvent impactée par cette passion dévorante.
A Carentan, en Normandie, Jean-Marie et Sylvie peuvent remonter le temps grâce à leur gigantesque collection d’objets civils et militaires des années 40. Après avoir transformé leur maison et leur garde-robe, ces collectionneurs ont aussi recréé une épicerie typique de cette époque remplie de trésors d’antan qu’ils ouvrent aux visiteurs, gratuitement, une fois par mois.
Fort de leur succès, ces férus d’Histoire se sont lancés un nouveau défi de taille : reconstituer l’ambiance du 6 juin 1944 lors d’une grande fête de 4 jours qu’ils vont organiser chez eux, dans leur propre jardin, à l’occasion du 80 ème anniversaire du débarquement de Normandie. Plus de 4000 personnes sont attendues: “Des événements comme ça, ça nous permet de sortir notre collection. Nous ce qu’on cherche c’est le partage et que les gens soient contents. On ne fait pas notre collection pour nous personnellement.”
Christine Donnard, elle, est née la même année que la poupée Barbie. Hasard ou coïncidence ? Cette enseignante à la retraite, elle, y voit un signe. C'est ainsi que depuis presque 60 ans, elle est tombée amoureuse de la poupée Barbie. “Moi, j'aime la taille de la Barbie, les proportions de la Barbie, les visages différents, des chevelures différentes. Et on les veut toutes parce qu'elles sont toutes belles”. Pourtant, Christine n'est pas une collectionneuse comme les autres. Elle ne se contente pas de contempler ses poupées derrière une vitrine mais elle les utilise comme mannequins miniatures pour assouvir une autre de ses passions, la couture de vêtements historiques. C'est ainsi que sous ses doigts de fée, Ken devient l'Empereur Napoléon Ier et Barbie se transforme en Anne d'Autriche. Christine, qui a déjà confectionné plus de 800 poupées-personnages, va s’atteler à une nouvelle création : une poupée mi-homme mi-femme qui représenterait le célèbre Chevalier d'Eon, l'espion qui sous Louis XV se travestissait en femme pour ses missions. Elle devra ensuite présenter sa poupée devant un public d’experts, à l’occasion d’un festival historique consacré à ce personnage.
S'il en est un qui n'a pas peur de la démesure, c'est Julien Recours. A Juranville dans le Loiret, un immense entrepôt de 4000 m2 abrite une étonnante collection de sculptures habitables, de mobil- homes ou encore... de blocs sanitaires. Ces pièces futuristes conclues par des architectes des années 1960, Julien les collectionne depuis dix ans avec sa compagne Jessica. Le couple a fait ses plus belles trouvailles dans des squats, des décharges ou encore dans des fermes abandonnées. Ils espèrent aujourd’hui récupérer un bien exceptionnel qu’ils convoitent depuis plusieurs années : une maison « Futuro », un ovni d'architecture conçu par un Finlandais dans les années 70 à seulement quelques dizaines d'exemplaires. Mais pour cela, ils vont voyager jusqu'à Taïwan où l'un de ces modèles aurait été abandonné sur une plage: “La collection, c’est un bon prétexte pour vivre des aventures, et pour vivre des trucs de fou!”.