En France, les trois quarts des entreprises sont familiales. Parmi elles, certaines sont des institutions qui ont traversé les âges. Des petits bouts de patrimoine dont le savoir-faire n’a quasiment pas bougé. Mais comment transmettre et recevoir cet héritage, parfois lourd à porter ? Comment trouver l’équilibre entre fidélité au passé et nécessité de se renouveler ?
Spécialisées dans le café, le foie gras, les chaussettes ou encore l’horlogerie, quatre entreprises centenaires s’apprêtent à relever un défi important, un tournant dans l’histoire de leur société.
A Beaumont de Lomagne, en Occitanie, Marjorie va reprendre la conserverie familiale qui depuis 1888 produit des confits, cassoulets, et foies gras. Avant le départ à la retraite de sa maman Françoise, elle doit tout apprendre du métier. Pour prouver sa légitimité, Marjorie va aussi participer pour la première fois à un événement immanquable pour la famille : le concours du salon de l’agriculture. « Ça nous met une pression, il ne faut pas faire n'importe quoi avec ce que l’on nous transmet. Après à nous de tout faire pour que ça marche et que ça continue. »
A 32 ans, Boris, lui, a fait le pari de redonner vie à la société familiale. Fondée en 1875, l’entreprise produisaient et vendaient des milliers de paquets de café partout en France. Mais, en 1982, son grand père Jean Claude a fait faillite. A Toulon, Boris s’est engagé à continuer l’histoire de la marque. « J’en fais une affaire très personnelle, un combat. Parce que ça me faisait de la peine que le travail de mes ancêtres parte dans les méandres de l’histoire. » Nouvelle boutique, recherche de nouveaux cafés… : il veut lui aussi laisser son empreinte et retrouver le succès d’antan.
Pour qu’une société dure dans le temps, il faut savoir prendre des risques ! Nicolas a repris l'atelier familial basé à Mamirolles (Doubs) qui depuis 244 ans répare les horloges d’édifices. Cette année, un chantier démesuré l’attend : la restauration d’une horloge monumentale dans une cathédrale à Lyon. « Quand j’ai repris la société et que je me suis réengagé avec mon père dans cette activité c’est pour pouvoir accéder à ce genre de projet. » Rares sont les mécanismes de ce type : Nicolas joue la réputation de son savoir-faire.
Faute d’héritiers, certaines entreprises sortent du giron familial. A 35 ans, Constance a été choisie pour diriger une manufacture de chaussettes, qui a ouvert en 1924. Elle a la lourde responsabilité d’organiser le centenaire de la société. Pour fêter cette date historique, elle veut recréer une chaussette fabriquée comme à l’origine. « Le poids arrive un petit peu plus sur mes épaules là. On veut faire un bel événement pour les 100 ans et j’espère qu’on y arrivera. »
Pendant de longs mois, les équipes de "Grands Reportages" ont suivi ces 4 chefs d’entreprises face aux défis de leur époque et aux prises avec leur histoire familiale…sauront-ils perpétuer l’héritage, le faire vivre, le renouveler pour qu’il continue à traverser les âges ?