Ce sont des écoles particulières. On y apprend le cirque, les cascades ou le hip-hop. Avec l’explosion des plateformes et des séries télé nécessitants acteurs et cascadeurs, la présence du hip hop aux Jeux Olympiques ou l’essor des pratiques circassiennes, la demande a explosé et les écoles françaises d’art du spectacle affichent des listes d’attentes toujours plus grandes. Pendant un an une équipe de "Reportages découverte" s’est immergée dans trois écoles…pas comme les autres.
Mahamat Fofana est l’un des espoirs de l’académie Fratellini à 27 ans, il sortira cette année diplômé de la plus prestigieuse école de cirque française. Pour lui, c’est un accomplissement lourd de sens car le pari était osé !
Il y a encore trois ans, cet acrobate était ingénieur. Arrivé de côte d’ivoire en France à l’âge de 9 ans avec son frère aîné, il était l’espoir de sa famille. « on m’appelait "Mahamat Kumba », ce qui veut dire « Mahamat grosse tête ». Je vivais plongé dans les livres. Alors je me suis laissé porter. Et puis, en Afrique de l’ouest, quand on devient ingénieur, nous sommes des trophées pour nos parents ! » Mais Mahamat est tombé amoureux du cirque et a tout abandonné et a dû l’annoncer à sa famille. « Elle n’a pas compris ! D’autant qu’en Afrique de l’Ouest, les gens qui font du cirque sont pauvres et marginaux. Seul Kader, mon grand frère de 30 ans, est émerveillé par mon parcours. C’est le seul d’ailleurs à ce jour à être venu me voir sur scène ! » Afin de valider son diplôme, Mahamat a un an pour préparer un « numéro de sortie » qu’il devra présenter devant un jury prestigieux composé de metteurs en scène, chercheurs et artistes circassiens.
Stefano Limina a aussi un parcours atypique. Cela fait un an que ce peintre en bâtiment Belge de 29 ans est en formation à l’école Campus Univers Cascade. Son rêve : devenir cascadeur de cinéma ! « A la maison, on regardait beaucoup de films d’action. Jackie Chan, Chuck Norris … C’était la passion de mon père ! Mes côtés rêveur et cinéma viennent clairement de lui ! » Cette école, cela faisait 10 ans que Stéfano rêvait de la faire ! Mais à 6500 euros les deux ans de formation, cela était impossible pour ce fils de restaurateur sicilien installé en Belgique depuis une trentaine d’années et d’une mère au foyer, belge très « terre à terre » qui a toujours rêvé pour lui d’un métier stable ! Ce pari est aujourd’hui possible grâce à sa femme Jessica qui va prendre en charge leur quotidien. Stéfano va devoir suivre encore 8 mois de formation à l’école. Percussion de voitures, chute de toit à 11 mètres, chute d’escalier, torche humaine : rien ne va lui être épargné ! « Ca fait un peu peur. Je vais sur mes 30 ans. J’ai travaillé dans la peinture pendant 10 ans … Du coup, je me dis : est-ce que je fais les bons choix … Mais je me dis fonce ! Fonce vers ce que tu aimes ! »
Charlette Serna est le « rayon de soleil » de la Juste Debout School. Pourtant, l’an dernier la vie ne l’a pas épargné et elle a redoublé ! Mais à 5200 euros par an, cette danseuse originaire de Bordeaux n’aura pas le droit d’échouer cette fois, sous peine d’arrêter définitivement la danse ! « Je vais rester jusqu’à 21H à l’école s’il le faut. Je prendrai tous les cours de mes profs. Je vais essayer de dépasser ce problème de confiance en moi qui me ronge et qui est redoutable dans le hip-hop, un milieu qui laisse peu place au doute ! L’année dernière, tout ça m’est tombé dessus. Et je me suis dit : soit je me laisse abattre, soit j’essaie d’en tirer de la force et du positif. Je me suis dit : « la vie m’a envoyé ça dans la tête, je vais lui montrer que ça ne m’arrêtera pas » !