La désindustrialisation progressive de nos villes a creusé d'étranges cicatrices : entrepôts, usines, manufactures, friches. Ces vestiges laissent entrevoir l’histoire d’un passé industriel révolu. Il y aurait près de 4000 friches industrielles en France, couvrant plus de 100.000 hectares. Empreints d'une petite ou d’une grande histoire, ces sites délaissés constituent des trésors pour ceux qui les convoitent…
Pendant deux ans, une équipe de "Reportages découverte" a suivi des Français prêts à réhabiliter ces bâtiments vieillissants : malgré l’ampleur du chantier, ils ont décidé de donner une seconde vie à ce patrimoine.
Dans le Lot, Gery et sa femme Kristina se lancent dans un projet fou : quitter Bordeaux pour vivre avec leurs 3 enfants, dans une ancienne usine de textile de 1500 m2. « On regardait les biens atypiques toujours en se disant qu’on ne pourrait pas se le permettre mais ça nous faisait rêver, moi j’aime bien les châteaux, et un jour on est tombés sur la manufacture, on s’est dit qu’un château c’était nul à côté ». Depuis 1934, la famille Vauzou y confectionnait du tissu, et des vêtements de travail. Mais frappée de plein fouet par la crise du textile, la production s’arrêta brutalement en 1987. Cette année, Géry et Kristina souhaitent réhabiliter l’usine, y habiter et relancer la production de textile avec une première collection de linge de maison. Un défi de taille pour ce créateur de jeux vidéo et cette ingénieure de formation qui ne connaissent rien aux travaux de rénovation… « Si je fais des erreurs, je recommencerai et puis je ne ferai plus d'erreurs. »
Dans le Nord, Grégoire, lui, souhaite rendre hommage à son père mécanicien. Il vient de racheter son garage, un bâtiment de 220 m2, laissé à l’abandon depuis 30 ans. « Casser et reconstruire quelque chose à nous, c’est juste magnifique » Avec sa compagne Hélène, ils investissent toutes leurs économies dans ce projet de rénovation, pour créer un restaurant flambant neuf. Ils ont décidé de réaliser les travaux eux-mêmes. « Grégoire arrête de travailler pour faire les travaux du restaurant et moi je travaille à l’usine pour financer. Là il y aura deux grandes baies vitrées et là, la cuisine qui sera sur la salle, on va faire vivre ce nouveau garage. » Mais redonner une âme à cet ancien bâtiment industriel va s’avérer plus difficile que prévu…
Pour Frédéric, pompier professionnel, la transformation d’usines est une passion et même un deuxième métier ! Près de Liège en Belgique, ce bricoleur de l'extrême s’attaque à un nouveau chantier, situé à plus 17 mètres de hauteur. « A 17 mètres de haut, ça complique tout, il faut tout monter ici au-dessus. Dès que tu oublies un truc, il faut redescendre 80 marches pour aller rechercher ce que tu as oublié. » Avec sa femme Aléna, ils vont transformer ce château d’eau des années 1930, en un logement insolite et luxueux. Mais malgré son expérience dans le bâtiment, Fréderic n’est pas au bout de ses peines, la météo va contrarier ses plans et retarder son chantier exceptionnel... « L'échafaudage nous coûte une fortune tous les mois, il faut absolument avancer ! »
A Toulouse, nous suivrons deux amis, Pierre-Olivier et Aurélien qui eux s’attaquent à un projet beaucoup plus conséquent. La réhabilitation d’une ancienne fabrique de munitions de 2000 m2. Un projet titanesque d’un million deux cent mille euros. « Ici dans un an faut s’imaginer une salle d'escalade des enfants qui courent partout, et voilà ce sera un nouveau bouillonnement dans ce lieu après 100 ans d’activité industrielle. » En effet, la fabrique de cartouches de Toulouse était le deuxième plus grand site de production de munitions en France. Entre les deux guerres mondiales, 15 000 salariés produisaient plus de 30 millions de cartouches. Jusqu’à sa fermeture en 1996. Les deux amis vont tout faire pour boucler le financement bancaire à temps et ouvrir leur salle d’escalade aux grimpeurs.
Pendant 2 ans, "Reportages découverte" a suivi ces chantiers tous plus fous les uns que les autres. Des chantiers qui vont offrir une deuxième vie à ces témoins du passé industriel.