Jamais les métiers n’ont évolué aussi vite…au gré des progrès technologiques et des évolutions du marché. Pourtant, un peu partout en France des femmes et des hommes tentent de sauvegarder un artisanat en voie de disparition ou des métiers qui peuvent paraître totalement désuets. Corsetière, tailleur de pierres, campanaire ou chercheur d’épices et de thé…
Pendant plusieurs mois, une équipe de "Reportages découverte" a suivi des passionnés, un brin nostalgiques qui se battent pour faire vivre leur métier rare.
Marie-Jeanne aime la couture depuis toujours. Il y a douze ans elle a décidé de se consacrer à un vêtement oublié : le corset. "Le corset traditionnellement, c'est Sissi impératrice, Marie-Antoinette etc... Et c'est un dessous. Moi, j'ai voulu en faire un dessus", explique-t-elle. Dans son atelier de Castres, les clientes s'arrachent ses créations à la modernité exubérante, rehaussées de miroirs ou de plumes... Si la corsetière ne recule devant aucune excentricité, elle va pourtant faire face à une commande hors normes : une effeuilleuse burlesque vient de lui commander sa prochaine tenue de scène : un costume mi-ange, mi-démon, qui doit être entièrement démontable... Un casse-tête pour Marie-Jeanne.
Adrien lui, n'a que 21 ans mais il a choisi d'exercer l'un des plus vieux métiers du monde : tailleur de pierre. Dans l'entreprise qui l'emploie à Caen, il participe à la rénovation des bâtiments les plus prestigieux du patrimoine français comme la cathédrale millénaire de Bayeux. "Il y a cette sensation d'immortalité, c'est-à-dire qu'il y a un petit bout de moi qui est sur un édifice. C'est un bonheur d'avoir un métier où on peut se dire qu'on fait partie de l'histoire", s'émerveille le jeune homme qui vise toujours plus haut. Cette année, il va participer à un concours qui réunit les meilleurs espoirs européens de la taille de pierre. Sera-t-il assez solide pour l'emporter ?
Nous suivrons également la vie en l'air d'Eurydice, une jeune femme de 34 ans qui a repris il y a quelques années l'une des dernières entreprises d'artisanat campanaire de France. Son métier : prendre soin des cloches et des clochers. "C'est émouvant de se dire qu'on est à côté du plus gros instrument de musique du monde, à plusieurs dizaines de mètres de haut... On est devant des objets d'art, qui sont souvent classés." Aujourd'hui, elle fait face à un chantier particulièrement vertigineux : la rénovation de l'église Saint-Louis, le plus grand édifice religieux de Vendée. Cela fait dix ans que son clocher n'a pas sonné... De la descente des anciennes cloches jusqu'à la fonte et à l'harmonisation du nouveau carillon, la campaniste ne doit pas chômer si elle veut offrir aux habitants de La Roche-sur-Yon le plus beau des cadeaux de Noël : un clocher prêt à sonner à toute volée.
Enfin Pierre lui, s'est créé une profession sur-mesure. Ce passionné de thé a tout quitté il y a 18 ans pour parcourir le monde et dénicher les crus les plus rares, qu'il commercialise aujourd'hui dans ses deux boutiques parisiennes. "La meilleure formation c'est d'en boire tout le temps, et beaucoup !", sourit-il. Un palais affûté que les gastronomes s'arrachent désormais. Une prestigieuse maison de caviar vient d'ailleurs de lui lancer un défi de taille : trouver un thé capable de rehausser la saveur de ses délicats œufs de poisson... Une quête d'exception qui va mener Pierre jusqu'aux plantations les plus reculées de l'île de Taïwan...
Rencontre avec ces Français prêts à tout pour défendre ces métiers exceptionnels et leurs savoir-faire uniques.