Dans les histoires d’héritages suspects, il y a souvent deux versions qui s’affrontent. Celle d’un héritier lésé, qui se bat pour récupérer son dû, contre celle d’un héritier avantagé, qui lutte pour sauvegarder ce qu’il a reçu. En France, une succession sur cinq se passe mal. Dans ces histoires de famille qui finissent mal, la justice est souvent la seule issue pour départager les descendants du défunt.
Une équipe de "Grands Reportages" a longuement rencontré ces héritiers, réels ou supposés, qui se livrent bataille pour récupérer leur part d’héritage.
Au cœur de l'Aveyron, le château ancestral du peintre Henri de Toulouse-Lautrec devient le centre d'une querelle opposant Jean-Claude et Corinne Putzola aux descendants du célèbre artiste de la Belle époque. La dernière propriétaire du château a désigné ce couple « surgi de nulle part » comme héritiers sur son testament, provoquant l'indignation des neveux et nièces, héritiers légitimes. Pour le couple devenu châtelain, la rencontre avec l’ancienne propriétaire du château “était un véritable coup de foudre, il y avait une relation complice”. Mais l’arrière petit neveu du peintre, lui, le coup foudre il n’y croit pas du tout. “C’est bien plus qu’un héritage. On ne se bat pas pour le fric, mais pour l’honneur”.
Pendant ce temps, dans le Nord, près de Lille, Christelle se bat contre sa famille pour récupérer sa part dans l’héritage de sa grand-mère. En cause, un versement effectué du temps de son vivant par la grand-mère à la tante de Christelle, que cette dernière nie avoir reçu. 120 000€, qui aurait dû revenir dans le pot commun au moment de la succession. “Moi c’est ma famille, je ne me suis pas méfié. On ne peut faire confiance à personne”. Et Christelle n’est pas au bout de ses peines. En menant l’enquête, elle va bientôt soupçonner que sa cousine et sa tante se servaient sur les comptes bancaires de la grand-mère, et ce, même après sa mort.
À Aix-en-Provence, c’est une bataille interminable et géante que se livrent le clan Vasarely. Pierre, le petit fils, se bat pour préserver l'héritage artistique de son grand-père, un grand nom de l’art contemporain, Victor Vasarely. Confronté à sa belle-mère expatriée à Porto-Rico avec plus de six cents œuvres du maître de l'art optique, Pierre engage procédure sur procédure. “ce n’est pas une question de belle-mère, mais d’un vol pur et simple, d’une escroquerie”. De l’autre côté de l'Atlantique, sa belle-mère, Michèle Vasarely, installée à San Juan depuis une dizaine d’année, fustige “cette espèce de haine du beau-fils vers sa belle-mère, qui accuse sans preuve.” Au cœur de cette guerre familiale, un événement hors normes va peut-être tout faire basculer. Armé de fusils d’assaut, le FBI va perquisitionner aux Caraïbes le domicile de la belle-mère, et emporter des camions entiers d'œuvres d’art. Un coup de filet qui pourrait bien mettre un terme à cette guerre de succession qui dure depuis bientôt trente ans.