En 2019, le Danemark a été élu le pays le plus heureux du monde par l'ONU. Grâce à ses aides sociales, ses libertés, ses fêtes débridées, son ouverture aux minorités et son sens de l'accueil (notamment auprès des communautés étrangères), ce petit pays de 6 millions d'habitants s'est érigé en modèle. Et Copenhague, sa capitale, est l'une des villes les plus agréables à vivre.
Mais aujourd'hui, ce modèle semble avoir atteint ses limites. L'affaire des caricatures de Mahomet, publiées par un journal danois en 2005, avait déjà mis le feu aux poudres dans de nombreux pays arabes. Ces dernières années, l'afflux des immigrants venus du Proche et Moyen-Orient a braqué une partie de la population danoise. Et certaines communautés, qui auparavant vivaient bien ensemble, n'hésitent plus à se provoquer et s'affronter ouvertement.
Sous l'influence d'une extrême droite aux discours décomplexés, parfois même haineux et discriminatoires, le gouvernement et le Parlement ont durci la législation. De nombreuses lois, sévères et répressives, ont été votées pour condamner tous ceux qui n'adhèrent pas au pacte social danois. Principale cible : les communautés immigrées.
Baisse des allocations pour les réfugiés, peines de prison doublées pour les étrangers, multiplication des camps de rétention pour les migrants, où les familles sont parfois confinées en semi-détention pendant plusieurs années. L'État a même annoncé la création d'une prison pour les étrangers indésirables. Située en mer Baltique, sur une île, la prison Lindholm est déjà comparée à un camp de concentration. Le projet fait scandale bien au-delà des frontières du Danemark.
Des quartiers hippies aux fêtes les plus folles, des cités HLM aux centres de rétention pour réfugiés, enquête sur un modèle danois victime de ses paradoxes.
