Thomas Snégaroff parle de son arrivée à la présentation de “C politique” sur France 5

Mis en ligne par Jean-Marc VERDREL lundi 29 août 2022 9240
Thomas Snégaroff parle de son arrivée à la présentation de “C politique” sur France 5

Visage familier des téléspectateurs de France 5, Thomas Snégaroff succédera à Karim Rissouli dans “C politique” dimanche 11 septembre à 18:30.

Vous avez un parcours atypique. Votre passé de professeur d’histoire vous aide-t-il à appréhender la politique ? Notamment à en parler dans une émission, et cette année, en tant que présentateur ?

La pédagogie est le liant de ces deux professions, elle en est le cœur. Il s’agit de maîtriser l’information pour pouvoir la diffuser. Poser la pédagogie au cœur du travail ne signifie pas « simplifier les problèmes ». Nous pourrons aborder des sujets complexes. Ce qui est important, c’est de les rendre accessibles au plus grand nombre. Malheureusement, je ne pourrai pas faire de contrôles de connaissances pour voir si tout le monde a compris… (rires). Je souhaite que les chroniqueurs et les invités parviennent à user de cette pédagogie, en ne se contentant pas d’asséner des vérités.

Vous succédez à Karim Rissouli. Vous a-t-il donné un conseil pour prendre sa relève, après six ans en tant que présentateur de C politique ?

Le meilleur conseil qu’il m’a donné a été de l’avoir à mes côtés, pendant six ans, et de le voir à l'œuvre. L’exemple est une forme de conseil même si, bien sûr, il ne s’agit pas de singer Karim mais plutôt de m’appuyer sur ce qu’il sait très bien faire. La pédagogie est aussi au cœur de son travail : des questionnements simples mais clairs. Cependant, Karim continue de produire éditorialement C politique. Il sera donc toujours derrière le rideau, et il est fort probable que l’on débriefera longuement après les émissions !

Y a-t-il quelqu'un qui vous fascine, qui vous inspire dans ce que vous faites ?

Alors, il y a Karim… (rires)

J’ai beaucoup écouté les Radioscopie de Jacques Chancel. Sa manière d’interviewer était brillante. Comme un capitaine de navire qui réoriente ses matelots, Jacques Chancel, par sa rhétorique, réorientait son invité sur le sujet. Cela permet de se replacer dans un continuum de récits. Synthétiser puis relancer, tout est question de rythme. Côté débat, j’ai toujours admiré la manière dont Michel Field, à l’époque, gérait ses débats en plateau. En étant d’une écoute très attentive, il parvenait à co-construire clairement un raisonnement avec ses invités. Pour un documentaire, j’ai épluché nombre d’archives de Michel Drucker, et il m’a fasciné... Lorsqu’il interroge quelqu’un, il a ce don de poser la bonne question, qui dévoile la bonne information. Au-delà d’être inspirants, ce sont des modèles qui arrivent à sentir que « c’est ici que ça se passe ».

Qui dit nouveau présentateur dit nouveaux visages de chroniqueurs. Pouvez-vous nous les présenter ?

Aujourd’hui, notre monde fait face à plusieurs bouleversements politiques : géopolitiques, écologiques et socio-économiques. Camille Vigogne Le Coat continue de décrypter l’actualité politique française. Gallagher Fenwick, ancien correspondant en Israël et aux États-Unis, spécialiste en géopolitique, rejoint l’émission pour évoquer la politique internationale. Cette partie avait besoin d’être musclée au vu de l’actualité qui promet d’être très riche à partir de septembre : élections présidentielles en Italie et au Brésil, les midterms aux États-Unis et bien sûr la guerre en Ukraine, etc. Pour finir, nous accueillons Salomé Saqué qui sera notre spécialiste sur l’économie et les questions environnementales. Et, toujours, Yaël Goosz qui continuera dans C politique, la suite. Il m'épaulera pour animer et éclairer les grands débats d'actualité comme nous le faisions l'an passé.

Le journal Le Monde a qualifié Salomé Saqué de « météorite à la télévision ». Représentante de la nouvelle génération, c’est un coup de jeune qui est donné à l’émission. Qu’en pensez-vous ?

J’apprécie son discours inclusif et sa volonté de réconcilier les générations, plutôt que les opposer. Elle sort d’ailleurs un livre à ce sujet dans quelques semaines. Elle va apporter, je pense, une certaine fraîcheur à l’émission. De plus, elle arrive avec une « personnalité politique » et pourra confronter ses idées avec celles de nos invités. Globalement, nous allons pousser davantage le débat avec nos hôtes. Lorsque les invités sont challengés, le raisonnement se trouve souvent plus développé et abouti.

Quels sont les changements que vous souhaitez apporter au magazine ? Y aura-t-il un nouveau dispositif ? L’ambiance et le décor vont-ils changer ?

Pour l’instant, ni le décor ni la structure de l’émission ne changent. Le principe de l’émission reste le même, à savoir une émission politique sans invité politique (ndlr : dans la première partie). Cependant, l’incarnation et les chroniqueurs changent, l’émission aura donc une tonalité différente. Pour cette édition, je souhaite que les chroniqueurs puissent davantage participer à la discussion.

De plus, nous vivons dans un monde que l’on sait de plus en plus cloisonné, qui confronte moins ses idées. À partir de ce constat, nous souhaitons ouvrir des conversations entre des univers et des individus qui ne se parlent plus et notamment faire résonner des voix qui ne sont habituellement pas représentées dans les médias. Les Français retrouveraient peut-être confiance dans les élites si elles étaient confrontées médiatiquement à la réalité du monde.

Il y a un désintéressement de la politique, notamment chez les jeunes. On dit même que « la politique n'intéresse plus personne ». Comment recréer les liens ou du moins les resserrer, entre les Français et la politique ?

En général, je pense que les gens sont assourdis par les éléments de langage des politiques, les stratégies de buzz et le clash permanent. Je le suis moi-même. Pour redonner sa noblesse à la politique, il faut parler des initiatives locales, et des missions mises en œuvre à toutes les échelles pour vivre ensemble, en société. Par exemple, aux Pays-Bas, une gare a rouvert après des années. Comment est-ce possible ? Comment cela va-t-il impacter la vie des gens ? En fait, l’action politique à micro-échelle peut avoir des conséquences à des échelles plus larges. C'est un peu le battement de l'aile du papillon, qui a une conséquence à l'autre bout du monde.

Propos recueillis par Margaux Karp, France Télévisions.

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Publié dans Magazines, Interviews
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