Alors que l’Assemblée nationale vient de créer une délégation aux droits des enfants, M6 présente une nouvelle enquête choc sur les enfants placés par l’Aide Sociale à l’Enfance.
Après les révélations faites par “Zone Interdite” en 2020 sur « Les scandaleuses défaillances de l’aide sociale à l’enfance », M6 a décidé d’exercer son droit de suite et d’enquêter de nouveau sur ce sujet. Les choses ontelles évolué positivement ? Les dysfonctionnements perdurentils toujours ?
En France, 170 000 enfants en danger sont placés par l’Aide Sociale à l’enfance, dans des lieux censés les protéger, et où ils peuvent grandir en toute sécurité. Mais l’enquête que “Zone Interdite” a menée pendant plus d’un an, révèle une réalité bien plus sombre.
Chaque année, des milliers d’enfants de l’ASE sont expédiés faute de places, dans…
... des hôtels bon marché.
10.000 enfants vivraient dans des chambres d’hôtel. Pour pénétrer dans ce monde caché à l’abri des regards, les équipes de “Zone Interdite” se sont fait embaucher en tant qu’éducateurs. Et ce que les journalistes ont découvert fait froid dans le dos. A 14, 15 ou 16 ans, des ados sont cloitrés dans des chambres sordides pendant des mois, voire des années. Sans projet ni avenir, la plupart sont déscolarisés, et en grande détresse.
... dans des foyers débordés
Suite à la diffusion du premier reportage, les départements concernés avait promis de faire le ménage. Trois ans plus tard, les journalistes de “Zone Interdite” se sont à nouveau infiltrés… et la situation est loin de s’être améliorée. Ils y ont rencontré des adolescents à la dérive, se livrant quotidiennement au trafic de drogue dans les cités voisines.
... des familles d'accueil non qualifiées
Il existe bien sûr des cocons dans lesquels ces enfants s’épanouissent en toute quiétude. Comme chez Aline, dans l’Allier, qui héberge 3 enfants de l’ASE dans sa propre famille. Malheureusement, l'enquête montre aussi de graves défaillances dans le recrutement des familles d’accueil. Les journalistes de “Zone Interdite” se sont fait passer pour un couple souhaitant recevoir des enfants placés. Une simple rencontre a suffi. Le prestataire de l’ASE était prêt à leur confier plusieurs mineurs, en échange d’une indemnité alléchante : 1.500 euros net par mois et par enfant. Et cela, sans rien savoir de ce couple, sans même contrôler son identité.
Plusieurs infiltrations ont été nécessaires pour mener à bien cette enquête…
Infiltration dans des hôtels pour mineurs - Paris (75)
A Paris, l’ASE délègue le placement à l’hôtel à des agences intérim. Ce sont elles qui négocient les chambres, 60 euros la nuit environ, et qui embauchent des éducateurs pour s’occuper des ados. Une journaliste s’est fait embaucher comme éducatrice pour s’occuper de deux jeunes filles placées dans des hôtels parisiens. Ces ados sont cloitrées dans des chambres sordides pendant des mois, voire des années, sans projet ni avenir, déscolarisées, et en grande détresse. Certains de leurs éducateurs sont violents, l’un d’entre eux se vante même d’être maltraitant pour que l’ado “se sente sécurisé”.
Infiltration dans deux foyers - Seine-Saint-Denis (93)
Foyer de garçons : l'enquête met en lumière un personnel éducatif dépassé. Sans projet pédagogique, ces ados sont pour la plupart déscolarisés et presque tous se livreraient quotidiennement au trafic de drogue, employés par les caïds de la cité voisine.
Foyer de jeunes filles : le foyer fait face à un inquiétant fléau. A 14-15 ans, elles sont plusieurs à passer des nuits hors du foyer et à ne revenir qu’au petit matin ou quelques jours plus tard. Tous les éducateurs le savent, ces jeunes filles se prostituent. Impuissants et sans réponse adaptée de l’ASE, les professionnels du foyer ressentent tous un profond découragement.
Infiltration en tant que nouvelle famille d’accueil - Région Auvergne-Rhône-Alpes
Les journalistes se sont fait passer pour un couple souhaitant recevoir des enfants placés. Une simple rencontre a suffi avec un prestataire de l’ASE, prêt à leur confier plusieurs mineurs, en échange d’une indemnité alléchante : 1500 euros net par mois et par enfant. Et cela, sans rien savoir de ce couple, sans même contrôler son identité.
Des témoignages touchants
Avec une famille d’accueil trop aimante - Indre et Loire (37)
L’ASE a profité d’un entretien avec Anita pour récupérer, à l’école, la petite fille qu’elle accueillait, depuis 4 ans avec son mari, et la placer dans une autre famille d’accueil. Parmi les motifs invoqués, le couple se serait trop attaché à la petite fille. Anita se bat pour la revoir et pour pouvoir accueillir à nouveau des enfants.
Avec les Marmignon, qui nous ont partagé leur histoire tragique - Le Nord (59)
La région, est marquée par l’histoire tragique des Marmignon. Cette famille d’accueil n’a cessé d’appeler au secours l’ASE du nord il y a quelques années. Mais Alain et Marie-Christine n’ont pas été entendus. Leur petite fille est morte, tuée par l’ado placé chez eux.
Avec Aline : la famille d’accueil idéale - Allier (03)
Tendre, aimante, Aline a, chez elle, 3 enfants placés qui grandissent en toute sécurité. Assistant familial est un métier exigeant et prenant : Il y a les horaires à rallonge, les enfants parfois très perturbés, les nuits agitées, tout cela pour un salaire d’environ 2500 euros par mois. Mais Aline le fait avec tout son coeur : “On ne peut pas les laisser dehors ces enfants, il faut qu’ils aient un toit, qu’ils soient en sécurité”. Aline peut compter sur Nicolas, son mari, formateur dans le bâtiment.
« Familles d'accueil, hôtels sociaux : le nouveau scandale des enfants placés », un document inédit de “Zone Interdite” à découvrir dimanche 16 octobre 2022 à 21:10 sur M6.