17:30 L'invité de "C dans l'air"
Caroline Roux reçoit chaque jour en direct une personnalité qui fait l'actualité. Hommes et femmes politiques, écrivains, philosophes, scientifiques ou l'économistes : 10 minutes de dialogue pour donner un éclairage en prise directe avec l'information du jour.
Ce lundi 13 mai 2024, Caroline Roux reçoit : Nadia El Fani, réalisatrice, scénariste et productrice franco-tunisienne.
Des images de l’arrestation de l’avocate tunisienne Sonia Dahmani, voix critique connue du président Kais Saied, font le tour du monde. Mardi dernier, lors d’une émission de télévision, Sonia Dahmani avait lancé d’une façon ironique "de quel pays extraordinaire parle-t-on ?", en réponse à un autre chroniqueur qui venait d’affirmer que les migrants venus de plusieurs pays d’Afrique subsaharienne cherchaient à s’installer en Tunisie. Cette déclaration a été jugée par certains utilisateurs sur les réseaux sociaux comme "dégradante" pour l’image de la Tunisie.
Selon des médias, Sonia Dahmani fait l’objet d’une enquête pour diffusion de “fausses informations dans le but de porter atteinte à la sûreté publique” et “incitation à un discours de la haine”. Ce samedi, elle était à la Maison de l’avocat à Tunis quand les forces de sécurité ont pris le bâtiment d’assaut. L’interpellation a été filmée par France 24. Quelques jours après, ce dimanche, deux autres chroniqueurs ont été placés en détention. Borhen Bssais, présentateur à la télévision et à la radio et Mourad Zeghidi, chroniqueur. Ils "font l’objet d’un mandat de dépôt de 48 heures", selon l’avocat de Mourad Zeghidi, Ghazi Mrabet.
En un an et demi, plus de 60 personnes (des journalistes, des avocats et des opposants à Kais Saied) ont fait l’objet de poursuites sur la base de ce texte, selon le Syndicat national des journalistes. Depuis que le président Saied, élu démocratiquement en octobre 2019 pour 5 ans, s’est octroyé les pleins pouvoirs lors d’un coup de force en juillet 2021, des ONG tunisiennes et internationales ont déploré une régression des droits et libertés en Tunisie. Pour cause, la situation est aussi critique entre migrants et habitants à El Amra, une ville à 30 km au nord de Sfax. Selon des activistes, entre 20.000 et 30.000 Subsahariens y attendraient actuellement des conditions favorables pour traverser la Méditerranée.
Mediapart rapporte que "d’importantes expulsions ont été organisées" la semaine dernière, mais aussi, et "de façon plus inédite", que des représentants associatifs, dont l’ancienne directrice de Terre d’asile Tunisie, ont été arrêtés, "faisant craindre au reste de la société de sombres lendemains". Saadia Mosbah est une égérie du mouvement antiraciste en Tunisie. Elle a été arrêtée ainsi que l'ancienne présidente de la branche locale de France Terre d'Asile.
Nadia El Fani est réalisatrice, scénariste et productrice franco-tunisienne. Elle reviendra sur la situation en Tunisie où la répression s’accentue après les arrestations de l’avocate Sonia Dahmani et de deux autres chroniqueurs de télévision et de radio.
17:45 "C dans l'air"
Caroline Roux décryptera en direct l'actualité en compagnie de quatre experts. En fin d'émission, ils répondent aux questions des téléspectateurs.
Les experts invités :
Elsa Vidal, rédactrice en chef de la rédaction en langue russe de RFI.
Jean-Paul Perruche, général de corps d’armée, expert en stratégie de sécurité et de défense.
Pierre Haroche, maître de conférences en sécurité internationale, Université Queen Mary de Londres.
Anne Nivat, reporter de guerre.
Paul Gogo, journaliste correspondant à Moscou pour plusieurs médias.
Le thème de l'émission : Kharkiv menacée : l'Ukraine va-t-elle craquer ?
Il était le militaire qui murmurait à l’oreille de Poutine, le ministre qui a mené l’invasion russe de l’Ukraine depuis plus de deux ans. Sergueï Choïgou a été limogé dimanche par Vladimir Poutine après douze ans à la tête du ministère de la Défense russe lors d’un remaniement surprise en profondeur. Il est remplacé à ce poste stratégique par un économiste, sans aucun bagage militaire : Andreï Belooussov, qui occupait jusqu’à présent la fonction de Premier vice-président du gouvernement russe et a été l’un des principaux conseillers économiques de Vladimir Poutine ces dernières années.
La longévité du ministre russe de la Défense avait fait couler beaucoup d’encre ces dernières années en Russie. Considéré par certains comme responsable des déboires de l’armée de Poutine en Ukraine, Sergueï Choïgou était notamment dans le viseur du chef de Wagner, Evgueni Prigojine, lors de sa rébellion en juin 2023. Malgré une série de revers humiliants pour les troupes russes en Ukraine en 2022, de nombreuses critiques et 350 000 soldats blessés ou tués depuis deux ans d’après le ministre de la défense britannique, Vladimir Poutine avait maintenu sa confiance envers Sergueï Choïgou. Cette fois, il est écarté de ce poste, mais il demeure cependant dans le cercle rapproché du président russe puisqu’il devient secrétaire du Conseil de Sécurité, poste occupé jusque-là par Nikolaï Patrouchev, qui est, lui, démis de ses fonctions, selon un décret publié par le Kremlin.
Un remaniement qui interroge au moment où l’armée russe gagne du terrain en Ukraine, notamment dans la région de Kharkiv, la deuxième ville du pays, qui ne se situe qu'à 30 kilomètres de la frontière russe. La rumeur bruissait depuis des semaines que les Russes étaient sur le point d'ouvrir un nouveau front. C’est chose faite depuis le lendemain des célébrations du "Jour de la Victoire" le 9-mai. Quelle est l'étendue de l’avancée russe ? Difficile, à ce stade, de le mesurer. Le commandant en chef des forces ukrainiennes Oleksandr Syrsky a assuré que "les tentatives de percer nos défenses ont été stoppées", mais il a admis que la situation dans la région de Kharkiv s'était "significativement dégradée" et restait "compliquée". Plus de 30 localités sont sous le feu russe et près de 6000 habitants ont été évacués a également expliqué le gouverneur régional, notamment de la commune de Vovtchansk qui est assiégée.
Depuis six mois, les troupes russes ont augmenté l’intensité de leurs attaques de missiles, et ce alors que les troupes ukrainiennes sont à court de munitions pour leurs batteries antiaériennes Patriot, qui constituaient leur meilleure défense contre de telles attaques. Ainsi, au cours du mois d’avril, la défense aérienne ukrainienne n’est parvenue à abattre que 30 % des missiles tirés par les troupes russes selon le Wall Street Journal. Nos journalistes étaient fin mars à Kharkiv où la vie s’organise sous terre et leur reportage sera diffusé ce soir.
Alors pourquoi le ministre de la Défense russe a-t-il été limogé ? Quelle est la situation sur le front ukrainien ? Quand est-ce que l’aide américaine et européenne promise parviendra-t-elle sur le terrain ? Et que se passe-t-il en Géorgie ?
Le sujet vous questionne ?
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