Avec ses kilomètres de côtes et ses eaux turquoise, le littoral français attire chaque été des millions de visiteurs. Mais, derrière la carte postale, les dérives se multiplient. Depuis 1986, la loi Littoral protège les rivages de l’urbanisation. Mais sur le terrain, infractions et passe-droits se banalisent parfois avec la complicité tacite des autorités locales.
Depuis quelques années, la France voit surgir une « cabanisation » massive. Dans la Manche, des centaines de familles bravent la loi pour installer leur mobil-home ou de petites constructions à quelques mètres de l’eau. Dans certaines communes, on compte plus de cent cinquante maisons de vacances illégales. En toute impunité, des agents immobiliers tentent même de vendre ces cabanes illicites à prix d’or, au détriment des agriculteurs qui ne peuvent plus acheter ces terres pour leur culture.
À Plestin-les-Grèves, en Bretagne, une paillote attire chaque été clients et controverses. Installée en zone protégée, elle enfreint plusieurs règles. Malgré les alertes lancées par des habitants soucieux de l’environnement, elle semble bénéficier du soutien d’élus locaux. L’été, business et environnement ne font pas toujours bon ménage.
Sur les sentiers côtiers, les grillages fleurissent. Des propriétaires privatisent illégalement l’accès à la mer, refusant l’accès public au sentier du littoral. La loi impose pourtant aux autorités de l’aménager le long des côtes françaises. Un abus dénoncé régulièrement par les associations locales qui se battent pour faire respecter la loi.
Des collectifs citoyens dénoncent l’inaction des pouvoirs publics et se mobilisent. Mais le bras de fer est souvent inégal. Sur la Côte d’Azur, à coup de millions d’euros, certains tentent de s’offrir des passe-droits. Au Cap-d’Ail (Alpes-Maritimes), une propriété de luxe a été bâtie illégalement au nez et à la barbe des autorités. Plus loin, un palace construit en zone Natura 2000 sur une falaise instable menace les habitations en contrebas. Les riverains comptent sur la justice pour obtenir réparation.
Les abus se poursuivent aussi en mer. Des yachts toujours plus luxueux ravagent les fonds marins avec leurs gigantesques ancres, détruisant la biodiversité. Les gendarmes maritimes traquent les récidivistes, mais la bataille est souvent difficile.
Des opérations coup de poing aux complicités locales, en passant par les arrangements officieux, enquête le long du littoral français, devenu un foyer de tensions.