“La promesse” : Lorànt Deutsch évoque son rôle dans la série événement de TF1

Mis en ligne par Jean-Marc VERDREL lundi 28 décembre 2020 4325
“La promesse” : Lorànt Deutsch évoque son rôle dans la série événement de TF1

Acteur et écrivain féru d’histoire, Lorànt Deutsch a toujours été guidé par sa curiosité, véritable moteur de sa vie. Vif, punchy, éloquent, il nous emporte dans son interprétation du lieutenant Jérôme Sambuc, un personnage dont le comédien s’est particulièrement senti proche puisqu’il a lui-même voulu embrasser la carrière de policier… Explications du principal intéressé.

Comment êtes-vous arrivé dans cette aventure ?

La réalisatrice Laure de Butler et la showrunner Anne Landois ont pensé à moi. Venues me voir jouer à Paris, elles m’ont proposé d’incarner le lieutenant Jérôme Sambuc. J’ai la chance de paraître encore jeune alors que j’ai 45 ans ! La série se déroulant sur deux époques, on pouvait aisément me vieillir, façonner mes traits afin que je puisse jouer ce double statut. J’ai toujours conservé cette facette juvénile malgré le poids des années et la maturité du chef de famille que je suis devenu. Cela est précieux. Par ailleurs, le scénario de La promesse m’a instinctivement séduit car on vit plusieurs périodes en même temps, à savoir 1999 et 2019. Cette double histoire avance et nous renseigne par flash-back, grâce à des clés livrées à certains moments cruciaux. Chaque époque nourrit l’autre et cela est passionnant. Pour le téléspectateur, il va être assez jubilatoire de se sentir autant impliqué dans cette sombre enquête d’enlèvement, comme un Dieu omnipotent voyageant à travers les époques. Ce ping-pong entre ces deux périodes m’a beaucoup plu, tout comme ces différents niveaux de lecture permanents. Je n’ai pas l’habitude de ce genre de récits à plusieurs entrées et ma curiosité a été piquée au vif. Le traitement très «sérisé» de cette fiction est assez moderne. Je n’y étais pas habitué non plus. Que de promesses pour La promesse…

Comment définiriez-vous votre personnage, le lieutenant Jérôme Sambuc ? Vous retrouvez-vous en lui ?

Il me ressemble dans sa jeunesse et sa formation. Il est discipliné, fidèle, assez admiratif de ses aînés et il a plus que tout envie d’apprendre. Ce n’est pas un chien fou et je me retrouve en lui. J’ai toujours été assez obéissant, très heureux d’avoir un rapport de maître à élève. A l’image de mon personnage, j’ai ensuite pris une certaine maturité, une épaisseur. Au fur et à mesure de l’histoire, cet homme arrive à l’heure des choix et encore une fois, son parcours me correspond aussi. J’ai réussi sans brûler les étapes à devenir un peu plus acteur de ma destinée et de ma lignée. Je me sens plus responsable. Cela a pris du temps, à l’image de mon personnage qui s’est étoffé tout en gardant une certaine droiture. Jérôme est aux antipodes de Sarah, incarnée par Sofia Essaïdi. Elle fait partie de ces personnes «rock and roll», audacieuses au point d’en devenir parfois outrageantes, mais qui font aussi avancer les choses, grâce à une force incroyable. Mon personnage est plus modéré, discret, mais il fait progresser l’enquête à sa manière. C’est la neige et le feu. Il y a du bon dans ces deux tempéraments-là et une certaine complémentarité unit Sarah et Jérôme. Pour avancer, il faut un faisceau d’éclairage et non pas une vue unilatérale.

Plus jeune, vous rêviez d’embrasser la carrière de policier. Pourquoi ?

A 20 ans, je voulais être policier. Je me suis toujours passionné pour les énigmes et les grandes enquêtes. Je rêvais d’intégrer la police scientifique. Je n’avais pas particulièrement l’amour de l’uniforme, mais Interpol faisait voyager mon imaginaire. De plus, à l’époque, je voulais habiter en Hongrie, d’où mon père est originaire. Je me rêvais en personnage à la carrière internationale, parlant à la fois le hongrois et le français, fin prêt à embrasser une double culture… Cet ambitieux projet s’est arrêté très tôt puisque j’ai hélas échoué au concours. Heureusement, je vis ce doux rêve à travers La promesse et c’est parfait ! Je suis enfin titulaire !

Quelles ont été vos relations avec Olivier Marchal et Sofia Essaïdi ?

Je connaissais Olivier car j’ai toujours eu envie de travailler avec lui. Par pudeur ou par gêne, je n’ai jamais décroché mon téléphone pour demander à un comédien de travailler avec lui, exception faite pour lui. Je l’ai donc rencontré il y a longtemps après une de ses représentations au Théâtre de Poche. Il m’a invité à dîner avec ses copains et j’ai découvert un homme entier, d’une grande sensibilité et d’une générosité sans pareille. On s’était promis de collaborer un jour ensemble et il a fallu attendre La promesse pour nous réunir. Derrière cette épaisseur de chêne se cache une fragilité d’enfant que j’ai pu apprécier durant le tournage. C’est un grand comédien, mais surtout un homme formidable. En revanche, je ne connaissais pas Sofia. Au départ, elle incarnait à mes yeux la diva, la chanteuse et donc pas forcément l’actrice, éloignée de mon monde. Quand je l’ai rencontrée, j’ai naturellement été séduit car elle est magnifique et elle a une voix incroyable. C’est un personnage très solaire. Ma méfiance s’est estompée aussi vite qu’elle était née car j’ai découvert une sublime actrice, très complète. Elle a du grain pour incarner un beau personnage. Par ailleurs, elle a besoin d’exister à travers les autres, en les découvrant, en les écoutant. C’est une belle rencontre.

Quels souvenirs gardez-vous de ce tournage particulier, en deux temps, en raison de la situation sanitaire dans notre pays ?

Il fut difficile. J’ai même failli m’évanouir à cause de la chaleur lorsque nous tournions dans un commissariat où la température avoisinait les 40°C. En raison des mesures sanitaires, il ne pouvait y avoir ni ventilateurs, ni climatisation. Nous étions donc en circuit fermé avec des doudounes pour aller au ski puisque nous sommes censés tourner dans la forêt… à Noël. J’ai aussi connu des problèmes de déshydratation qui ont entraîné l’apparition de calculs rénaux. Heureusement, nous nous sommes régalés. Il ne faut pas retenir le petit nuage qui a traversé notre beau ciel bleu durant cette période-là. En plus, comme nous avons cessé de tourner durant longtemps, nous redoutions que le film n’aboutisse pas. Heureusement, TF1 a soutenu le projet. Tout le monde était décidé à le mener jusqu’au bout. Nous avons pu finalement nous retrouver et cette aventure a duré six mois au lieu de deux. Ce fut un supplément d’âme durant cette année si atroce.

Que vous inspirent les Landes ?

Napoléon III ! En faisant planter de multiples conifères, il a essayé de stabiliser le rivage, le littoral et de l’exploiter car c’était une zone qui n’était pas trop développée à l’époque. Le Sud-Ouest est une superbe région avec les Pyrénées en point de mire, l’Atlantique qui n’est pas loin et puis des villes formidables en bas et en haut. Je pense à Pau, Bordeaux, Bayonne, Saint-Jean-de-Luz… Cette région est pleine de couleurs. Songeons simplement aux grandes plages d’Aquitaine, le jaune qui se marie avec le bleu du ciel et de l’océan, ce vert nourri des conifères et des résineux… Cela fait naturellement rêver. De Moliets à Léon en passant par Contis, nous avons tourné dans des décors naturels à couper le souffle.

« L’histoire est mon moteur », affirmez-vous. Votre passion a-t-elle été le point de départ du lancement de votre chaîne Youtube « A toute berzingue », il y a deux ans ?

Je me suis laissé 10 ans pour filmer 150 villes en 5 minutes. C’est mon tour de France ! Je suis comédien depuis 30 ans et comme disait Jean Gabin : «La première chose qu’il faut trouver quand on est acteur c’est une chaise pour s’asseoir et attendre !». Il avait raison car on attend beaucoup ! Au gré de mes tournées et de mes tournages, j’ai décidé de profiter de mon temps libre pour aller à la rencontre des vestiges, des témoignages de notre histoire, du patrimoine bâti, de la pierre car comme disait Victor Hugo : «La pierre est le livre sur lequel est écrit notre histoire». En écrivant sur Paris, je me suis rendu compte que les villes avaient évolué un peu toutes de la même manière en France, qu’il y avait une espèce de continuité, d’homogénéité quel que soit le relief ou la matière de construction, qui offre une si belle diversité à notre pays. J’ai alors eu envie de raconter l’histoire des plus grandes villes de France en cinq minutes chrono, à travers une chronique ludique sur ma chaîne. Le tournage de La promesse m’a ainsi permis de poser mon regard sur Pau, Bayonne, Carcassonne, Mont-de-Marsan, Toulouse, Dax et Saint-Sever. Je me suis donné dix ans pour faire ce tour de France à toute berzingue. J’aimerais peut-être l’adapter un jour dans un format différent pour la télévision. Ces escapades historiques sont en ce moment ma priorité lorsque je ne suis pas avec mes enfants.

Propos recueillis par Vanessa Vincent, TF1.
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Publié dans Séries, Interviews
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