Comme pour France Télécom, un mélange d'incompétence, de mensonges et de violence managériale a conduit au scandale qui, entre 2000 et 2015, a brisé les existences de milliers de subpostmasters, hommes et femmes incarnant dans leur quartier ou leur village le visage bienveillant du service public.
Condamnés sans preuve pour détournement de fonds, ils ont perdu leur emploi, leurs économies, souvent leur maison, pour s'acquitter, en plus, de frais de justice dix fois supérieurs au trou de leur caisse, fabriqué par le logiciel défaillant Horizon. Certains ont purgé des peines de prison, quand plus de deux mille autres se sont ruinés pour ne pas subir l'épreuve du tribunal. Enfin, quatre personnes se sont suicidées sous la pression, et soixante autres sont décédées avant d'avoir obtenu gain de cause.
Sans la ténacité d'Alan Bates, qui a fédéré autour de lui 554 autres victimes, la vérité n'aurait jamais éclaté. D'autant qu'en vertu d'une tradition britannique multiséculaire, le Post Office, juge et partie, a le privilège de mener ses propres enquêtes en cas de délit.
Le casting remarquable réuni autour de Toby Jones et Monica Dolan fait partager de façon poignante le drame de ces decent people ("gens honnêtes") retrouvant ensemble la force de se battre.
20:55 Épisode 1
Le 4 novembre 2003, dans le bureau de poste-mercerie de Llandudno (pays de Galles) qu’il gère avec sa compagne, Suzanne, Alan Bates ne se laisse pas intimider par les enquêteurs dépêchés par la direction nationale. Oui, il tente depuis des mois de comprendre pourquoi un déficit abyssal se creuse dans sa caisse, mais il ne va pas se laisser traiter comme un coupable. Alan ignore qu'à travers le pays plus de sept cents autres postiers et postières ont, comme lui, perdu le sommeil face aux dizaines de milliers de livres sterling mystérieusement évaporées de leurs comptes. Il soupçonne que le nouveau logiciel de comptabilité, acheté à prix d'or par l’entreprise publique à une firme japonaise, est la cause du problème. Mais la hotline maison lui répond toujours la même chose : "Vous êtes le seul à rencontrer des difficultés." Jo Hamilton, terrifiée après avoir vu à la télé un vénérable collègue emmené en prison, se résigne, elle, à plaider coupable au tribunal, comme l'a exigé le représentant du Post Office. En entrant dans la salle d'audience, celle qui tenait avec amour la poste-salon de thé de son village est accueillie par les applaudissements de ses concitoyens venus la soutenir…
21:45 Épisode 2
Après avoir mis la clé sous la porte, Alan et Suzanne se sont retirés dans un cottage perdu sur la lande. La médiatisation du procès de Jo Hamilton, puis l'appel d'une journaliste du Computer Weekly, magazine d'informatique auquel il avait écrit trois ans plus tôt, ont ranimé chez Alan l'envie de lutter. La parution de l'article lui révèle de nouveaux cas comme le sien, dont celui de Lee Castleton, condamné à payer plus de 320 000 livres après avoir perdu son procès. Sur le site qu'il vient de créer, Alan propose une réunion dans la salle paroissiale du village de Fenny Compton. Le jour dit, une dizaine de personnes arrivent au rendez-vous, dont Jo et Lee.
22:35 Épisode 3
Le téléphone d'Alan ne cesse plus de sonner. Cette fois, c'est l'épouse d'un homme agressé dans son bureau de poste, blessé à la main et dévalisé, qui l'appelle parce que son mari est en train de sombrer. Les postiers en lutte emplissent désormais la petite salle paroissiale de Fenny Compton. Réticents mais encouragés par Alan, ils décident à la majorité de saisir collectivement la Commission d'enquête et de médiation mise sur pied par Paula Vennells, la directrice générale du Post Office.
23:20 Épisode 4
Huit ans après leur première réunion à Fenny Compton, les membres du mouvement "Justice pour les postiers" sont maintenant 555. Face à la mauvaise foi et au cynisme des dirigeants du Post Office, doivent-ils intenter un procès, afin de révéler au pays tout entier ce qu'ils ont subi ? Déjà exsangues financièrement, ils risquent très gros. Car si des investisseurs sont prêts à fournir l'argent nécessaire, en échange d'un pourcentage sur les compensations à venir en cas de victoire, le coût d'une défaite s'imposerait à tous. Même si, en matière de justice, comme le résume un expert, "c'est en général la partie la plus riche qui gagne", Alan les convainc une fois encore d'aller de l'avant. Peu après, Jo découvre que sa mère est atteinte d'un cancer du pancréas…