L'histoire en quelques lignes...
Fille d’une famille modeste engagée dans des études de lettres qui la passionnent, Anne se découvre enceinte à quelques mois de ses examens. C’est une catastrophe, qui menace d’anéantir ses rêves d’écriture et d’ascension sociale.
Garder l’enfant et devenir mère au foyer lui apparaît inenvisageable. Mais dans cette France des années 1960, où la contraception est interdite et l’avortement sévèrement réprimé, mettre fin clandestinement à une grossesse constitue une épreuve périlleuse qui peut conduire à la mort ou à la prison.
Devant le paternalisme des médecins, l’effroi impuissant de ses deux meilleures amies et sa propre peur d’être dénoncée, la jeune femme se démène presque seule. Son monde ne tourne plus, désormais, qu’autour de ce qui se trame dans son corps et qu’il faut faire cesser à tout prix.
Jeunesse corsetée
Dans ce film âpre, couronnée à la Mostra de Venise, Audrey Diwan adapte le récit autobiographique éponyme d’Annie Ernaux, prix Nobel de littérature 2022, en lui empruntant son naturalisme et son indispensable crudité.
Sa caméra mobile colle littéralement au corps de son héroïne, incarnée par une Anamaria Vartolomei tout en intensité, dont les yeux d’un bleu perçant expriment un furieux sentiment d’urgence. Autour de cette jeune femme pugnace, décidée à mener sa vie comme elle l’entend et à jouir de sa sexualité sans en subir les stigmates, se dessine le portrait d’une jeunesse corsetée, minée par la frustration et par le fossé, moral et matériel, qui sépare les hommes des femmes quand celles-ci ne sont pas libres de disposer de leur corps.
À l’heure où le droit à l’avortement reste chahuté à travers le monde, un grand film nécessaire et militant, puissamment du côté des femmes.