Il lui a suffi de réapparaître. Après presque dix ans d’absence pendant lesquels il s’est surtout consacré à sa carrière au cinéma, Elvis Presley remonte sur scène en 1969, déclenchant à nouveau la ferveur du grand public. Il signe alors un contrat pour une série de plusieurs dizaines de concerts au flambant neuf International Hotel de Las Vegas. C’est l’un d’entre eux, donné le 31 juillet 1970, que restitue ce fameux documentaire sorti en salles et depuis remastérisé.
Dans son impériale jumpsuit blanche, le King se montre au faîte de sa puissance de séduction à 35 ans, incarnant l’idéal d’un rock’n’roll animal et viril, au lustre éternel et à l’éclat adamantin. Devant le parterre attablé et plutôt chic de ce gigantesque hôtel de luxe, il interprète de nombreux hits, de "Hound Dog" à "Bridge over Troubled Water", en passant par "It's All Right Mama" ou "Suspicious Mind", tout en embrassant une flopée d’admiratrices sur le devant de la scène, tout étourdies de pouvoir l’approcher.
Conscient de son charisme dévastateur, Elvis s’en amuse avec malice, multipliant les effets et les clins d'œil. D’évidence, il se sent libre de jouer avec son art, non sans humour et autodérision.
Electric cow-boy
That's the Way It Is est aussi le témoignage de la physicalité du rock'n'roll. Spasmes, convulsions et poses de guerrier savamment étudiées l’illustrent : le chevalier blanc Presley est en fait un cow-boy de rodéo qui dompte sa musique. Un rapport fusionnel tout aussi explicite dans la première partie du film, dédiée aux répétitions et aux séances d'enregistrement. Y apparaît un Elvis plus intime, dans le quotidien de son travail, facétieux, transpirant le talent à l'état pur, mais toujours aussi brûlant et intensément passionné.
Un grand et rare document qui parle du pouvoir de fascination, vivace, d’un homme sur tous les autres.