"L'empire Erdogan" : retour sur ses 20 ans au pouvoir, mardi 9 mai 2023 sur ARTE dans Thema

Mis en ligne par Jean-Marc VERDREL dimanche 7 mai 2023 1001
"L'empire Erdogan" : retour sur ses 20 ans au pouvoir, mardi 9 mai 2023 sur ARTE dans Thema

De ses promesses d’ouverture à sa mainmise autocratique sur la Turquie, un retour fouillé et passionnant sur les vingt ans au pouvoir de Recep Tayyip Erdogan, président fragilisé qui briguera le 14 mai un troisième mandat. Un document inédit en 2 parties à voir sur ARTE mardi 9 mai 2023 à partir de 20:55.

Fractures

“Les minarets sont nos baïonnettes, les coupoles, nos casques, les mosquées seront nos casernes, les croyants, nos soldats.” En 1998, cette citation publique du poète nationaliste Ziya Gökalp vaut au maire d’Istanbul, alors en pleine ascension, une condamnation à dix mois de prison ferme pour incitation à la violence. Cet exemple parmi d’autres illustre la longue hostilité qui a opposé Erdogan et les forces militaires turques, au centre de ce captivant portrait documentaire.

La tentative de coup d’État de 2016, qui accentue la répression contre toute forme d’opposition, en a marqué le paroxysme. Le président turc aura pourtant su combler la fracture historique entre traditionalisme religieux et militarisme séculaire, tout en marginalisant l’armée.

En images d’archives et entretiens avec des témoins de premier plan (anciens alliés, dont bon nombre ont été trahis, comme l’ancien Premier ministre Ahmet Davutoglu, ou opposants de toujours, tel Ahmet Türk, chef du Parti démocratique des peuples, ou HDP, prokurde), ce retour fouillé sur les années Erdogan met également en évidence l’affaiblissement des institutions démocratiques face à la volonté de toute-puissance de l'homme qui les a dirigées durant vingt ans. Car même fragilisé, celui qui brigue aujourd’hui un troisième mandat présidentiel n’a pas renoncé à son rêve de supplanter l'écrasante figure d’Atatürk dans l’imaginaire de ses concitoyens. Une politique in fine fondée sur la violence, dont la question kurde constitue l’un des plus douloureux symboles.

20:55 Partie 1

Charismatique et autoritaire, un temps regardé d'abord comme un libéral, qui est Recep Tayyip Erdogan ?

En deux décennies, le Premier ministre puis président turc, d’abord figure encensée à l’Ouest pour ses promesses d’ouverture, notamment économique, et sa bienveillance envers l’UE, est devenu le mouton noir de l’Otan, aussi bien pour sa dérive autoritaire que pour sa dissidence au sein de l’Alliance atlantique. Originaire d’un quartier populaire d’Istanbul, il s’engage au milieu des années 1970 dans une formation islamiste, le Parti du salut national, dissoute en 1981. Le coup d’État de 1988, qu’il observe de loin, lui fait prendre conscience de l'emprise des militaires sur un pays qui revendique plus farouchement que jamais l’héritage laïc d’Atatürk. Sous les couleurs du nouveau parti islamiste du Refah (ou “bien-être”), il est élu maire d’Istanbul en 1994.

Aussi bon administrateur qu’orateur, il affiche des ambitions de plus en plus marquées et des convictions libérales qui renforcent sa popularité. En 2001, il fonde l’AKP, le Parti de la justice et du développement, formation islamiste dont le succès le porte deux ans plus tard à la tête du gouvernement. L’exercice du pouvoir lui confirme la nécessité de mettre les militaires de son côté, alors que le pays est engagé dans le conflit syrien qui débute. En 2013, la répression contre les occupants du parc Gezi, qui protestent contre la destruction des espaces verts stambouliotes, marque le tournant autoritaire d'Erdogan. L'année suivante, il remporte la présidentielle dès le premier tour.

21:55 Partie 2

Alors que la répression brutale au parc Gezi entérine l’autoritarisme du régime turc, Erdogan bataille en sous-main sur un deuxième front : une lutte sourde l’oppose à son ancien allié, l’imam Fethullah Gülen, fondateur d’un mouvement dont les membres sont présents partout au sein de l'appareil d’État, notamment dans l’armée, la justice et la police.

En 2016, deux ans après son élection à la présidence, Erdogan accuse Gülen et ses partisans d'avoir fomenté la tentative de coup d’État militaire qu’il est parvenu à déjouer. Devenu intouchable, grâce entre autres à la réforme constitutionnelle de 2007, qui a renforcé l’exécutif en instaurant un régime présidentiel, il organise une purge massive qui signe la fin du mouvement Gülen en Turquie. Militaires, policiers, juges, mais aussi journalistes, enseignants, intellectuels... : près de 20 000 personnes sont arrêtées. Cette dérive autoritaire sans précédent s’accompagne d’une mainmise presque totale sur la police et les médias.

Accroissant son emprise sur la société turque, Erdogan profite de ses pouvoirs exponentiels pour faire emprisonner Selahattin Demirtas, coprésident du HDP prokurde, qu’il accuse de soutenir le “terrorisme” du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan, interdit). En 2018, il s’allie au Parti d’action nationaliste, situé à l’extrême droite, pour se faire réélire à la présidence.

Le scrutin du 14 mai sera-t-il celui de trop pour Recep Tayyip Erdogan, pour l’instant donné battu dans les sondages ?

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Publié dans Documentaires, Mardi
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