De nombreuses affaires jalonnent l’histoire de Renault, mais celle-ci revêt un caractère exceptionnel ! Cette histoire, dans les détails de son déroulement, semble parfois issue du cerveau d’un scénariste fou, pourtant elle est véridique ! L’enquête de Stéphanie Thomas et Pierre Chassagnieux révèle les failles d’un management qui, jusqu’alors, suscitait admiration et respect dans le monde industriel.
Le 3 janvier 2011, une affaire d’espionnage éclate chez Renault-Nissan, le quatrième groupe automobile mondial. Ce jour-là, trois des plus hauts cadres dirigeants de Renault sont convoqués par leur hiérarchie pour un licenciement immédiat.
L’affaire est grave, ces trois « espions » auraient vendu à la Chine des secrets industriels concernant la voiture électrique, le projet phare de la marque au losange... suffisamment grave pour que son PDG s’invite au journal de 20 heures sur TF1.
Deux mois plus tard, ce même Carlos Ghosn retourne sur le plateau de Laurence Ferrari pour admettre qu’il s’est trompé. Comment le PDG le mieux payé du CAC 40 et ses collaborateurs les plus proches ont-ils pu se fourvoyer à ce point ? L’enquête de Stéphanie Thomas et de Pierre Chassagnieux nous conduit de Paris à Tokyo, en passant par San Francisco où réside désormais l’ex n° 2 du groupe Patrick Pélata. Elle nous entraîne dans les coulisses de la conception du véhicule tout électrique et démonte l’engrenage dans lequel sont entrés les dirigeants au point de perdre tout bon sens. Comment cette crise a-t-elle été gérée par l’état-major et par quels raisonnements les directeurs sont-ils passés pour se persuader qu’un complot les menaçait ?
Les questions de l’enquête
- Comment une telle accusation a-t-elle pu devenir réalité aux yeux des dirigeants d’un groupe comme Renault, sans que rien ni personne ne détecte la fable ?
- Comment quelques directeurs généraux ont-ils pu croire que trois hommes, totalisant ensemble près de soixante-dix ans de maison, reconnus et appréciés de leurs pairs, aient pu se livrer à de telles turpitudes ?
- Comment se fait-il qu’aucun cadre autour du PDG n’ait tiré la sonnette d’alarme ?
- Ces questions sont d’autant plus légitimes qu’il apparaît au terme de l’enquête que les éléments qu’avait en sa possession Renault, quand ses dirigeants ont décidé de licencier les trois faux espions, ne constituaient en aucun cas des preuves probantes, voire vraisemblables.
- Comment les dirigeants de Renault — au premier rang desquels Carlos Ghosn, une icône au Japon, l’un des patrons les mieux payés du CAC 40 — ont-ils pu se fourvoyer à ce point ?