Pendant un an les caméras de “Reportages découverte” se sont posées dans l’internat d’excellence Edgar Morin, à Douai, dans le Nord. Ouvert il y a dix ans, cet établissement accueille une centaine de lycéens, la plupart boursiers. Tous sont internes, tous sont en difficulté scolaire, sociale, familiale ou psychologique. Ils viennent chercher dans l’internat un nouvel équilibre, parfois une deuxième maison, une deuxième famille. Pour beaucoup, une dernière chance. Ici, ils sont suivis de près dans des classes limitées à une vingtaine. Pour les réconcilier avec l’école et leur permettre de décrocher un bac général, l’équipe pédagogique mise sur la bienveillance, mais aussi sur la multiplication des activités, des projets et des sorties.
Pendant près d’un an, “Reportages découverte” a filmé le quotidien de cet internat peu commun. Les journalistes ont partagé les efforts, les coups durs, les espoirs et les réussites de ses élèves.
« L’internat, je le ressens plus comme ma première maison que ma deuxième maison, je me sens plus « chez moi » ici que chez moi. » Issue d’un quartier défavorisé, Clémence, 17 ans, s’épanouit avec ses copains et copines à l’internat. Mais en classe, c’est une autre histoire… La jeune fille, en terminale, frôle le décrochage scolaire. Dissipée en cours, elle accumule les retards et a une fâcheuse tendance à disparaître lors des examens. Elle a beaucoup de mal à supporter les contraintes de l’école. Cet électron libre manque en réalité de confiance en elle : « C’est pas que j’ai pas envie c’est que je vais pas réussir… alors autant que je ne le fasse pas ». Pour la raccrocher aux études, les professeurs vont déployer des trésors de patience et de bienveillance. Au lieu de la sanctionner, ils l’encouragent. Mais cela suffira-t-il pour qu’elle obtienne son bac ?
Gustave, 17 ans également, est, au contraire, un excellent élève. Il a même été diagnostiqué « haut-potentiel ». Pourtant, il s’est toujours ennuyé à l’école, au point de perdre tout intérêt pour les études. Le jeune homme est arrivé à l’internat l’an dernier. Il a directement sauté sa seconde. « Moi j’ai besoin de ne pas m’arrêter, de faire constamment quelque chose, de m’occuper, de continuer à me nourrir », confie-t-il. Pour « nourrir » Gustave et lui redonner le goût des études, l’établissement lui propose de multiplier les activités (piano, photo, tournoi de mathématiques…).
Très à l’aise avec les théorèmes, Gustave l’est beaucoup moins en société : « Le social est à moi ce que les maths sont à beaucoup de gens. Je ne comprends pas vraiment comment ça marche et n’arrive pas à comprendre comment ça marche. » A l’internat, le jeune homme va-t-il réussir à s’épanouir auprès des autres ?
Victoria, 16 ans, redouble sa seconde. Elle rêve de devenir infirmière puéricultrice mais n’obtient pas de bonnes notes dans les matières scientifiques. Malgré ses efforts, elle n’arrive pas à se concentrer. La jeune fille, par ailleurs très impliquée dans la vie de l’internat, risque de tripler sa classe si elle ne se ressaisit pas. « Vous voulez que je fasse quoi ? Je me bats tout le temps pour essayer de suivre un cours qui normalement est simple à suivre ! », confie-t-elle, bouleversée, à l’une de ses professeurs. Prendre le chemin des études supérieures serait une belle réussite pour la jeune fille et une immense fierté pour sa maman, femme de ménage. Victoria va-t-elle décrocher sa place en première scientifique et s’ouvrir la voie vers l’avenir dont elle rêve ?