La Loire, la Seine et le Rhône : les trois fleuves les plus longs de France façonnent depuis toujours le destin des hommes et des femmes qui vivent sur leurs rives. Leurs tracés nous font voyager, nous nourrissent et parfois nous inquiètent entre menaces de crues et rareté de la ressource en eau.
Pour cette série documentaire exceptionnelle de trois épisodes, nous embarquerons à bord de la vie mouvementée et méconnue de ces enfants du Rhône, de la Loire et de la Seine, habitués à naviguer entre les imprévus, les aléas climatiques et les humeurs de ces trois fleuves majestueux !
Épisode 3
Isabelle Jouan-Rimbeau a fait une folie il y a quelques mois : elle a vendu sa maison en Bretagne pour s’offrir un château en bord de Loire, entre Saumur et Angers. « En arrivant ici, j’ai vu la cour, la maison, je me suis dit c’est celle-là. C’est ma maison. Et l’aventure commençait ! » Je me suis dit que c’était maintenant qu’il fallait vivre et s’écouter ». En quelques jours la décision est prise, elle quitte tout et s’installe au château de la Boussinière, au grand désespoir de son entourage qui se demande ce qu’elle va faire dans cette galère ! La vue époustouflante sur la Loire depuis le château et le potentiel de la demeure lui donne confiance. Isabelle a décidé de lancer une activité de gîtes et chambres d’hôtes, mais le château a besoin d’un coup de frais. Elle veut notamment transformer le grand salon de cette demeure du 17e siècle en une boutique et un café/glacier pour séduire petits et grands. Mais la nouvelle propriétaire ne cesse de rencontrer des obstacles. Entre les procédures administratives à faire et les travaux à réaliser, Isabelle a investi énormément d’argent dans ce château et ne touche pas de salaire depuis 1 an. Réussira t’elle son pari de vivre du château de ses rêves ?
A une centaine de kilomètres du château d’Isabelle, vous retrouverez Thierry Bouvet, pêcheur professionnel de Loire, qui lui aussi s’est fixé un grand défi : créer et vendre un élixir de Loire, appelé « Garum ». Cet ancien géographe est tombé amoureux du fleuve. A 50 ans, il a décidé de changer de vie, et navigue désormais sur La Loire entre Amboise et Tours. Depuis quelque temps son métier est devenu plus compliqué, du fait du réchauffement climatique : « En été, l’eau peut monter jusqu’à 30 degrés alors les poissons souffrent et il y en a de moins en moins ! » Alors pour préserver son paradis naturel et son nouveau métier, le pêcheur est devenu inventeur ; il a créé cet étrange nectar du fleuve, une sauce fermentée à base de poisson. « Je me suis dit que j’allais faire du Nuoc-mâm en utilisant du sel et les viscères de poissons. J’ai effectué des recherches et j’ai découvert que les romains faisaient déjà la même chose sous l’Antiquité. C’était le garum, le ketchup des romains en quelque sorte !! » Après avoir travaillé plusieurs années pour mettre sa recette au point, Thierry doit désormais réussir à la vendre. Le pêcheur vise haut : il souhaite convaincre des chefs étoilés que son « garum » a sa place en cuisine et sur les plus grandes tables !
A Arles, dans les eaux sombres du Rhône, ce sont d’autres trésors romains qui intéressent David Djaoui, archéologue-plongeur. Tel un détective, il mène l’enquête ; l’histoire du fleuve sous l’Antiquité est devenue son domaine de prédilection. Sa spécialité : l’étude des amphores et des céramiques témoignant de l’intense activité du port fluvial d’Arles, appelé alors « Arlate » et qui reliait la Méditerranée à la Gaule. Ce Marseillais vit à Arles au rythme des fouilles archéologiques dans le Rhône depuis 20 ans. Cela fait neuf ans que David n’a pas mené de fouilles archéologiques subaquatiques dans le Rhône mais cette année enfin, lui et son équipe vont pouvoir de nouveau sauter à l’eau à la recherche d’épaves du Ier siècle et peut-être d’autres trouvailles ! En 2011, la campagne a été exceptionnelle, David a piloté une campagne de fouilles pour sortir un chaland de commerce datant de 50 après J.C. S’il est plutôt du genre à garder la tête froide malgré l’excitation, il ne peut s’empêcher de penser à l’impensable « on ne sait jamais ce que l’on va trouver dans le Rhône, on peut rêver, des trésors en sortent régulièrement ! ». Cette année, leur mission doit faire un état des lieux de cinq épaves romaines déjà identifiées mais aussi procéder à des sondages et trouver peut-être des objets de plus de deux mille ans !
Sur la Seine, deux jeunes frères ambitieux, Augustin et Jean-Chrysostome Dumont, ont créé leur entreprise de chambre d’hôtel de luxe flottante, à 30 et 26 ans, juste après le confinement. Issus d’une fratrie de 12 enfants - 10 garçons et 2 filles - leur première house boat a été le fruit de l’entraide familiale. Aujourd’hui, ils emploient 10 salariés mais continuent de mettre la main à la patte au quotidien. « L’hôtellerie sur l’eau, ce sont des aléas tous les jours, un tuyau qui gèle, l’électricité qui saute… On doit savoir réparer nous-même. » Leur flotte compte 13 house boat différentes en France, dont 4 sur la Seine, dans les Yvelines là où ils vivent. Cette année, le duo souhaite conquérir d’autres fleuves. Ils vont devoir redoubler d’efforts et d’ingéniosité pour obtenir les permis pour s’installer dans les endroits qu’ils convoitent et être prêts avant le début de la saison ! Chaque nouvelle chambre flottante est transportée par convoi exceptionnel avant sa mise à l’eau. « C’est une étape délicate, quand vous savez que c’est 100 000 euros qui se balance au bout de la grue, c’est stressant ! ».