Ils sont 2 700 en France. Au service de la justice depuis 1978, ils traitent bénévolement chaque année plus de 160 000 dossiers tels que les querelles de voisinage, les dettes entre personnes, les problèmes de baux d’habitation, les malfaçons d’artisans…. Grâce à eux, plus de 80 000 litiges du quotidien trouvent une solution à l’amiable. Les conciliateurs sont la première marche de la justice. Ils assurent à la fois le désengorgement des tribunaux et la paix sociale. Pourtant, leur fonction reste méconnue.
Dans cette série en trois épisodes, les équipes de Grands Reportages ont suivi dans toute la France sept conciliateurs et conciliatrices dévoués qui donnent temps et énergie pour trouver des solutions aux tracas du quotidien.
Épisode 3
Dans ce 3ème épisode, nous retrouvons Patrick Buquet, le conciliateur savoyard. Il doit à la fois faire preuve de patience et de fermeté dans deux gros dossiers. Le premier oppose un couple de retraités au propriétaire d’un hangar dans lequel sont entreposés sauvagement des carcasses de voitures. Si les plaignants ont raison sur le fond, sur la forme, leur entêtement et leur goût pour la procédure exaspèrent le conciliateur et menacent la résolution du différend. « Nous on veut qu’il s’en aille, un point c’est tout ! Sinon, il n’y a pas d’accord ! » L’autre litige concerne des habitants exposés aux cendres que rejette la cheminée d’une petite pizzeria récemment installée au pied de leur immeuble. « Depuis plus de 6 mois on a de la suie partout dans la maison ! Moi je demande juste un filtre sur leur cheminée ! »
Deux nouveaux conciliateurs font leur entrée.
Claude Dubernet, une ancienne conseillère bancaire à la retraite. Elle a décidé à 65 ans de donner son temps libre à la population de Draguignan et des petits villages méditerranéens qui l’entourent, ses vignobles et ses oliveraies. Et c’est précisément un conflit autour de vieux oliviers qui va l’occuper. L’an dernier, une famille de la ville est venue s’installer dans ce petit coin de paradis. Quand les citadins ont découvert que leur voisine pulvérisait régulièrement ses arbres avec un pesticide industriel, ils ont été pris de panique et fait appel à la conciliatrice pour convaincre la retraitée de cesser ses pulvérisation… « Pourquoi vous ne passez pas au bio, ça serait moins dangereux !» demande la mère de famille désespérée. « Parce que le bio, ça n’existe pas ! » lui rétorque la vielle agricultrice excédée. La conciliation tourne vite au dialogue de sourd.
Jean-Marc Mignerey intervient autour de Toulon. Dans le domaine de la conciliation, c’est un vétéran : il gère des litiges depuis plus de 7 ans. Ancien banquier, il adore les dossiers liés à la consommation mais il ne boude pas les querelles de voisinage et il va être servi ! Nous le suivons dans une affaire de refuge improvisé pour animaux domestiques. Cinq chiens, une trentaine de chats… Un cauchemar auquel un couple de retraités espère mettre fin grâce au conciliateur. Mais c’est sans compter l’obstination de la vieille dame qui accueille toutes ces mascottes : « Vous n’êtes jamais venu me chercher pour ramasser les crottes ! Sur la tête de mes enfants, je vais vous démonter ! »