De la Ciotat, on a souvent l’image d’un chantier naval décati, à l’abandon. Pourtant, après un arrêt de plus de dix ans dans les années 90, la ville et ses chantiers ont su renaître de leurs cendres. C’est dans la rénovation des yachts de luxe que les chantiers de la Ciotat vont trouver un nouveau souffle, allant même jusqu’à devenir une référence mondiale en la matière. De quoi redonner de l’élan à cette ancienne ville ouvrière en passe de devenir une destination touristique à la mode.
Une équipe de "Reportages découverte" est allée à la rencontre de « ciotadins », les habitants de la Ciotat, amoureux de leur ville, ainsi que des nouveaux venus, symboles de cette renaissance.
Quand on voit Margot, vingt-deux ans, à côté d’un immense yacht haut comme un immeuble, on a du mal à croire que cette jeune fille aux allures d’étudiante chapeaute de A à Z la rénovation de ce géant flottant appartenant à un richissime investisseur. Tout juste diplômée d’une école d’ingénieurs navals, Margot a été embauchée en tant que cheffe de chantier à la Ciotat. « J’avais vraiment hâte de monter à bord et de découvrir les intérieurs des yachts. C’est impressionnant d’avoir des pièces aussi sophistiquées flottantes ». Margot mesure sa chance de travailler sur ce site à la pointe mais l’ampleur de la tâche lui donne parfois des sueurs froides. Dans le milieu de l’ultra-luxe « il faut que tout soit parfait ». Margot a six mois pour mener à bien près de cent cinquante chantiers différents à bord, qui vont de l’hélice jusqu’à la cave à vin, et tout retard sur le planning peut lui coûter très cher. C’est un chantier à plusieurs millions d’euros. Margot parviendra-t-elle à gérer les incontournables imprévus et à livrer le yacht dans les temps ?
A l’autre bout des chantiers navals, une cabane en tôle ondulée et un petit bateau de pêche contrastent avec le luxe des yachts voisins. C’est ici que travaille un pêcheur hors norme, Gérard Carrodano, soixante-huit ans, une figure de la Ciotat. « C’est un peu insolite d’être au milieu des yachts de milliardaires avec des "cabanes de gitans" mais c’est comme ça, c’est la Ciotat ». Cet ancien chasseur sous-marin repenti a tout simplement inventé son métier. Depuis plus de vingt ans, il est le fournisseur privilégié en poissons méditerranéens d'une cinquantaine d'aquariums européens. Gérard se revendique défenseur des animaux « si j’étais un poisson et qu’on me propose la bouillabaisse ou un aquarium, je crois que mon choix serait vite fait ». Autrefois, Gérard lui aussi a travaillé sur les chantiers, tout comme son père et son grand-père avant lui. Du port de la Ciotat, il a tout connu, sa splendeur passée, sa déchéance et à présent, sa renaissance.
Comme beaucoup de jeunes natifs de la Ciotat, Manon et Mathias ont d’abord tout fait pour quitter leur ville d’origine… avant de se raviser. Autrefois sinistrée, la ville a retrouvé son dynamisme, « c’est le jour et la nuit » assure le jeune couple de boulangers qui a décidé il y a tout juste un an d’ouvrir un commerce sur le port de la Ciotat. Un emplacement très prisé. En peu de temps, leur commerce rencontre le succès et Manon est bien décidée à faire de sa terrasse un lieu branché avec service à la place. Une table d’un genre nouveau, mi-boulangerie, mi-restaurant. « Le problème c’est qu’on est en sous effectifs, il nous faudrait vraiment une personne en plus ». Manon et Mathias vont devoir embaucher rapidement pour être prêts pour leur première saison dans six mois.
Depuis quelques années, la Ciotat attire aussi de nouveaux habitants à l’image de Tom et Léa, un couple de trentenaires d’origine parisienne. Lorsqu’ils ont découvert la Ciotat il y a quatre ans, ils ont tout de suite été séduits : « vivre sur un port, c'est très particulier. Ça bouge tout le temps, ce n’est jamais une ville morte ». Tom et Léa décident alors d’ouvrir une maison d’hôtes à la décoration bobo-chic dans les ruelles typiques de la ville. Face au succès, cette année ils ont décidé de s’agrandir et de construire une cinquième chambre pour leurs clients. Mais plus un mètre carré n’est disponible dans la maison alors…c’est dans un lieu impossible, une vieille remise à outils, que le couple va tenter de réaliser les travaux. « C’est difficile à croire qu’il y aura une chambre ici » concède Thomas qui donne un mois à son entrepreneur pour relever ce défi.