Depuis la reprise du pouvoir par les talibans en août 2021, l’Afghanistan est devenu un enfer pour les femmes. Ce pays, désormais classé comme le pire endroit au monde pour naître femme, impose un régime de ségrégation et de répression sans précédent. Aujourd’hui, les Afghanes sont bannies des écoles secondaires, exclues des universités, interdites de la majorité des emplois, empêchées de voyager seules, de se maquiller, de montrer leur visage ou même de faire entendre leur voix en public. Elles sont emmurées vivantes, prisonnières d’un système qui cherche à les effacer totalement de la sphère publique et privée.
Pour révéler cette réalité que le régime taliban voudrait occulter, Enquête Exclusive a déployé un dispositif exceptionnel : grâce à l’un des rares visas accordés par le régime taliban, l'équipe du magazine a filmé en immersion à Kaboul et dans plusieurs provinces, sous la couverture officielle d’une visite touristique. Parallèlement, des femmes afghanes ont accepté de témoigner et ont filmé, au péril de leur vie, leur quotidien à l’aide de leurs téléphones portables, ultime espace de liberté.
L'équipe du magazine a découvert un pays surréaliste : les talibans proposent aujourd’hui aux rares journalistes étrangers de venir admirer les ruines des Bouddhas de Bamyan, qu’ils ont eux-mêmes dynamitées en 2001, symbole de leur intolérance passée. Ils veulent relancer l’économie grâce aux sports d’hiver, malgré l’absence totale d’infrastructures dédiées et un climat de peur généralisé. Cette vitrine officielle, entre propagande et absurdité, masque la véritable détresse des Afghans et plus particulièrement celle des femmes.
Pour donner la parole à celles qui en sont privées, l’équipe d’Enquête Exclusive a recueilli leurs témoignages. Dans la clandestinité la plus totale, ces femmes courageuses filment la détresse, la peur, la misère économique qui frappent toutes les couches de la société afghane. Face à la répression, à l’isolement, à la fermeture de tous les espaces de liberté, elles nous révèlent une explosion des dépressions et des suicides parmi les Afghanes. Le téléphone portable, dernier moyen pour elles de s’exprimer, devient leur outil de combat et de résistance.