Épisode 1
Employée depuis dix-neuf ans dans un service de soins de longue durée, Hana, 49 ans, se montre glaciale, voire odieuse avec ses collègues. Cette mère célibataire considère son job d’infirmière comme un pis-aller et espère mieux pour sa fille Tereza. Mais celle-ci lui annonce justement qu’elle plaque ses études et souhaite partir travailler dans un hôtel au Cap-Vert avec son petit ami. Révoltée par ce qu’elle considère comme une grave erreur, Hana s’énerve au point que l’adolescente quitte la maison pour s’installer chez les parents de son copain.
Une nuit, dans son service, une patiente sans antécédents cardiaques décède d’un AVC. Comme Hana s’est occupée de sa perfusion et qu’elle se montre peu chaleureuse avec les malades, elle est aussitôt soupçonnée d’avoir hâté son trépas…
Épisode 2
Hana est convoquée par la brigade criminelle. On a retrouvé dans son casier un opiacé susceptible de ralentir le rythme cardiaque. Accusée de meurtre, elle renoue avec sa fille, qui accepte de l’aider. Après une perquisition de son domicile, elle est incarcérée. C'est un avocat commis d'office qui prendra sa défense : maître Novak, qui se révèle brouillon mais efficace.
Les policiers enquêtent sur un autre décès survenu dans le service six ans auparavant. L'infirmière militerait-elle pour l’euthanasie et serait-elle récidiviste ? La direction de l’hôpital décide de tenir une conférence de presse qui va s’avérer houleuse. Quant à Tereza, elle a renoncé à l’exil cap-verdien, et fait face à une horde de journalistes avides de sensationnel et aux factures de sa mère qui s'accumulent.
Épisode 3
La police passe au crible les décès recensés dans le service de Hana durant les dix dernières années, pour y déceler des incohérences. Le nombre de morts qu’on lui impute ne cesse de grimper. Les familles des victimes réclament des dommages et intérêts astronomiques. Pavel Novak se démène pour demander une contre-expertise médicale, mais celle-ci coûte cher et Tereza peine à réunir la somme demandée.
Avant même la tenue du procès, l’opinion publique, chauffée à blanc par le battage médiatique, a déjà condamné Hana. Un procès équitable est-il possible dans ces circonstances, d’autant que les débats seront diffusés sur Internet ?
Épisode 4
Liberté ou perpétuité ? Pour Hana, le verdict du procès pèsera lourd. Certaines de ses collègues témoignent, décrivant l'infirmière comme un être sans cœur, tandis que toute la ville la considère désormais comme une tueuse en série. Au tribunal, ses déclarations sans tact suscitent l'indignation. Mais son avocat Pavel Novak met tout en œuvre pour convaincre la juge de son innocence. Tereza soutient sa mère, tout en peinant à se rapprocher d’elle…
Justice à deux vitesses
Maladivement rétive à la diplomatie comme à la chaleur humaine, Hana ne fait rien pour démentir la réputation de monstre "sans cœur" qu’on lui prête. Mais elle porte en elle une sourde révolte contre l’hôpital qui l’exploite et a fait d’elle un épouvantail tout trouvé.
Cette infirmière vieillissante et désargentée, lasse des cadences infernales, qui refuse de "s’arranger", assumant ses lunettes disgracieuses comme son mauvais caractère, agit comme le révélateur du machisme ambiant et d’une justice à deux vitesses. Car au fil des déboires judiciaires de Hana, l’État de droit tchèque ne sombre pas mais vacille drôlement, malmené par les ambitions personnelles, le battage médiatique, la privatisation rampante des services publics et la corruption ordinaire.
Librement inspirée du cas de l'infirmière Vera Maresova, accusée du meurtre de six patients, cette série hospitalo-judiciaire, en compétition à la Berlinale Series 2022, ligature le suspense lentement mais fermement.
Cette coproduction ambitieuse d’ARTE et de la télévision publique tchèque se meut avec subtilité dans la zone grise du délitement général, portée par son sens du détail, ses pics émotionnels et deux grandes performances d’acteurs. Miroslav Hanus donne à son personnage d’avocat intègre une émouvante épaisseur et Klara Meliskova, par une tension constante, fait glisser Hana de la banalité quotidienne à l’aura d’une héroïne de tragédie.