"Mon âme a besoin d’une patrie." En 1888, l’impératrice Élisabeth d’Autriche (1837-1898), éprise de culture grecque et du diplomate Alexander von Warsberg, rencontré trois ans plus tôt à Corfou, décide de faire ériger sur l’île un palais de style pompéien, l’Achilleion.
Élevée en Bavière, dans un environnement provincial et permissif auquel elle sera arrachée à 16 ans pour épouser son cousin François-Joseph, Sissi a toujours refusé de se plier au devoir de représentation que lui assignait son rang – y compris après la défaite de Solferino et la perte de la Lombardie, lorsque le pouvoir impérial humilié aurait eu besoin de son sourire pour redorer son image.
Après le décès tragique de sa petite Sophie, en 1857, la jeune souveraine, alors dépressive et malade, multiplie les voyages pour s’épanouir loin de la rigidité de la cour viennoise. D’une beauté admirable, qu’elle entretient avec un soin maniaque, l’impératrice s’adonne à ses passions avec une fougueuse liberté : chasse à courre, poésie, amour de la culture magyare…
Liée au patriote hongrois Gyula Andrássy, elle joue un rôle prééminent dans l’instauration, en 1867, de la double monarchie austro-hongroise. Huit ans avant son assassinat, survenu en 1898, à Genève, la construction de l’Achilleion s’achève, mais Sissi, ébranlée par le supposé suicide vraisemblable de son fils Rodolphe à Mayerling, et la perte de son cher Warsberg, ne pourra trouver la paix dans son palais rêvé…
Fascinante Sissi
Ce documentaire-fiction brosse un portrait de l’impératrice à rebours du conte de fées transmis par la trilogie d’Ernst Marischka, avec Romy Schneider dans le rôle-titre.
Porté par la comédienne suisse Sunnyi Melles et étayé par les éclairages de spécialistes (historiens, écrivains, psychanalyste, mais aussi un descendant des Habsbourg), ce film dévoile les multiples visages d’une femme traversée de contradictions et résolument moderne.