« C’était la guerre d’Algérie » : série documentaire à suivre sur France 2 à partir du 14 mars

Mis en ligne par Jean-Marc VERDREL samedi 12 mars 2022 3086
« C’était la guerre d’Algérie » : série documentaire à suivre sur France 2 à partir du 14 mars

À l’occasion du 60ème anniversaire de la fin de la guerre d’Algérie, France 2 propose 2 soirées spéciales autour de la série documentaire événement de Georges-Marc Benamou, écrite avec Benjamin Stora, « C’était la guerre d’Algérie ». Une fresque historique en 5 épisodes.

Lundi 14 mars à 21:10, France 2 diffusera les trois premiers épisodes.

Mardi 15 mars à 21:10, France 2 diffusera les deux derniers épisodes qui seront suivis d'un débat présenté par Julian Bugier.

À partir d’archives rares, restaurées et colorisées, « C’était la guerre d’Algérie » est un film sans tabou et à hauteur d’hommes. Tous les tabous de cette « guerre sans nom » seront abordés : les tabous de la colonisation française, et de ses promesses non tenues ; mais aussi les tabous d’une histoire algérienne méconnue, avec ses vainqueurs et ses victimes… Des massacres de Sétif en mai 1945 à l’indépendance de juillet 1962...

Après s’être attaché à l’histoire de la colonisation elle-même depuis 1830, « C’était la guerre d’Algérie » raconte la plus chaotique, et la plus méconnue des indépendances, de toutes celles qui ont émaillé l’histoire de la colonisation française. Le parti pris du film a été de croiser la grande Histoire avec la « petite ». Les témoins d’hier et les mémoires d’aujourd’hui, parmi lesquels : Nicole Garcia ou Cédric Villani pour les Français d’Algérie ; Ali Haroun, l’ancien patron du FLN en France, ou Kahina Bahloul, la jeune imame franco-algérienne ; sans oublier des appelés de l’armée en Algérie, ou des descendants de harkis, comme l’ancien maire de Volvic, Mohamed Hamoumou.

Par-delà les archives, ce film est incarné par des figures identifiables dont nous suivrons les destins contrastés : Albert Camus, le libéral engagé d’Alger, Ferhat Abbas et Messali Hadj, les pionniers malheureux du nationalisme algérien ; François Mitterrand qui sera en première ligne de 1954 à 1957 ; le paradoxal Jacques Soustelle, immense intellectuel libéral devenu un « dur » ; Ahmed Ben Bella, Hocine Aït Ahmed, parmi les plus fameux « fils de la Toussaint », à l’origine de l’insurrection ; Massu et ses paras, durant la bataille d’Alger ; Germaine Tillion qui, de 1934 à 1957, filme l’Algérie, lutte et raconte ; Yacef Saâdi, le chef de la Casbah d’Alger, ou encore Charles de Gaulle, arrivant en sauveur, recherchant désespérément « la paix des braves », et ne la trouvant pas…

Épisode 1 L’Algérie française (1830-1945)

Pour comprendre la guerre d’Algérie, il faut remonter l’histoire, avant le 1er novembre 1954, son déclenchement officiel, et le 19 mars 1962, son terme tout aussi officiel. Il faut remonter à la conquête de 1830, à la « première guerre d’Algérie avec l’émir Abdelkader, et découvrir « l’Algérie française »…

Durant 130 ans, la France va tenter de faire de l’Algérie une « région française » en assimilant des territoires, en développant le pays ou en accueillant une population d’exilés venus de certaines régions françaises mais aussi de pays européens comme l’Italie ou l’Espagne (qui deviendront les pieds-noirs), sans jamais assimiler les populations « indigènes ». Nombreux seront les rendez-vous manqués et les promesses non tenues de la République, jusqu’à l’explosion du 8 mai 1945, l’émeute nationaliste de Sétif et sa terrible répression – qui annonce la guerre, dix ans plus tard.

Épisode 2 : L’insurrection (1954-1955)

Dans cet après-guerre, malgré Sétif et sa terrible répression, rien n’a vraiment changé en Algérie. Même si certains musulmans, comme Ferhat Abbas, croient toujours en la France et ses promesses d’égalité et de liberté. En 1947, un statut de l’Algérie plutôt « libéral » est voté par l’Assemblée algérienne. Il soulève bien des espoirs. Mais pour le parti des « grands colons », il y a le feu ! Il faut bloquer ce dangereux statut. Alors, les autorités françaises vont organiser une élection truquée : le bourrage des urnes est massif et systématique dans toute l’Algérie.

Six ans avant le début de cette guerre, le modéré Ferhat Abbas tire alors la sonnette d’alarme. Lui qui croyait encore en la France et ses promesses se sent trahi… Au même moment, les jeunes du parti de Messali, le rival de Ferhat Abbas, créent une branche clandestine, l’Organisation Spéciale. Ils se décident à agir, plus efficacement que les « anciens ». Et, de 1947 à 1954, cette Organisation Spéciale va tisser sa toile. Parmi eux, on retrouve Ahmed Ben Bella, revenu décoré par de Gaulle et déterminé à agir, et un jeune intellectuel kabyle de bonne famille, Hocine Aït Ahmed. Pour les jeunes dissidents comme Ben Bella et ses amis, Diên Biên Phu est un déclic. Il faut passer à l’action. Sans tarder. Comme en Indochine. Une date est choisie pour l’insurrection générale.
Ce sera le 1er novembre 1954, le jour de la Toussaint.

Épisode 3 : La « sale guerre » (1956-1957)

Début 1956, la guerre dure depuis deux ans, même si tout le monde feint de l’ignorer. Avec les pouvoirs spéciaux votés par l’Assemblée nationale, Guy Mollet envoie le contingent en Algérie. Dans les années qui suivent, un million et demi de jeunes Français, des appelés venus de métropole, vont débarquer pour un service militaire porté à 30 mois. Une génération entière va découvrir la guerre. Marquée par de terribles attentats, l’année 1956 voit s’affronter différents fronts. Les ultras radicaux de l’Algérie française, soutenus par certains militaires, cherchent à faire pression sur la population et le gouvernement.

Tandis qu’en réaction à la guerre contre-révolutionnaire menée par l’armée française, le « FLN des débuts » va se structurer, éliminer ses rivaux, étendre son influence politique et mener son combat dans les villes.
La vraie guerre d’Algérie peut alors commencer.

Note d'intention de Georges-Marc Benamou et Benjamin Stora : « Raconter la guerre d'Algérie sans tabou »

En France, un certain nombre de films ou de documentaires ont traité de la guerre d'Algérie, en évoquant les débuts des « événements », le sort des « appelés », la bataille d’Alger, le massacre du 5 juillet d’Oran, l’exode des pieds-noirs, le massacre des harkis… Mais, curieusement, rien d'aussi exhaustif n’a été produit depuis trente ans sur cette tragédie algérienne. La guerre et ses différentes phases, ses prémices, ses ruptures, ses surprises, ses secrets toujours enfouis. Comme si la guerre d’Algérie restait un peu tabou.

Pourtant, depuis 1984 et le film de référence de Peter Batty, La Guerre d’Algérie (1984, Channel Four-RTBF), et en 1991 Les Années algériennes (Stora, Alfonsi, Favre), des archives ont été ouvertes ; de nouveaux témoins ont parlé ; des historiens, français, algériens, internationaux, ont travaillé et enrichi l’historiographie de la guerre d’Algérie.

À l’occasion du soixantième anniversaire de l’indépendance algérienne, C’était la guerre d’Algérie est une réponse à ce manque, la tentative d’un récit global et sans tabou. Car ce sont bien les non-dits, le refoulé de cette guerre qui entretiennent les tensions mémorielles.

Les tabous ? Ceux de l’histoire française : les ravages de la première colonisation, les promesses non tenues de la Troisième République, la répression de Sétif, la guerre votée par la Gauche, la torture couverte par ses ministres, les coups tordus de la Main rouge et autres barbouzes, l’abandon des harkis, comme le mépris que la classe politique de 1962 a entretenu vis-à-vis des Européens d’Algérie. L’histoire algérienne a, elle aussi, ses tabous, et sa raison d’État : une histoire « idéale » du nationalisme algérien : un récit  souvent écrit au détriment des pionniers Ferhat Abbas ou Messali Hadj ; un FLN qui dès 1954 était une organisation militaire (ce qui n’est pas sans laisser des traces) ; la terrible guerre civile avec les messalistes qui fera 10 000 morts ; et tant d'autres déchirements d’où sortiront vainqueurs les plus durs, les moins démocrates très souvent, comme le colonel Boumédiène.

Ce sont toutes ces « zones d'ombre » que nous abordons là avec la volonté de savoir, de pacifier et de réconcilier.

Dernière modification le lundi, 14 mars 2022 12:12
mail

L'actualité TV Newsletter
Pour ne rien louper...
Chaque semaine, recevez en avant-première une sélection de programmes qui seront bientôt diffusés à la TV.

Publié dans Documentaires
vignette primes a venir
vignette week end tv