Dans la vie, il y a ceux qui savent et ceux… qui les écoutent. Ceux qui en savent plus que tout le monde, on les nomme les "experts". Pas forcément experts en tout, mais pour sûr experts dans leur domaine en particulier. Qu’ils soient spécialisés dans l’art, dans l’automobile, dans les pierres précieuses, dans les ventes aux enchères ou dans les assurances, ils interviennent parfois pour nous venir en aide, parfois pas du tout. Mais leurs décisions sont toujours capitales. Certains se forment seuls, mais beaucoup apprennent de leurs aînés.
Durant plusieurs mois, une équipe de "Grands Reportages" a suivi ces décideurs inflexibles en les accompagnant au bout de leurs enquêtes.
Épisode 1 • La vérité à tout prix
Sous son chapeau, Vincent Pardieu est un explorateur des temps modernes. Il fait partie de ceux qui se sont créé un métier, et qu’ils sont seuls à exercer. « Des gens qui font la même profession, exactement pareil que moi ? Je n'en connais pas ». Derrière son allure mi cow-boy mi Indiana Jones se cache un fin limier. Ce qu’il convoite, ce sont les pierres précieuses. Pour ces gemmes, il est prêt à faire le tour du monde. "Quand je vois une belle pierre, la première question qui me vient à l'esprit, c'est d'où elle vient ?". Nous le suivons alors qu’il pose le pied à Madagascar en quête de saphirs. Dans cette région difficile d’accès, près du village d’Ilakaka, il est connu comme le loup blanc. Il faut dire qu’il ne passe pas inaperçu "Quand j'étais guide, pour ne pas que les gens me perdent, j'avais deux solutions. Soit que je me souvienne d'eux tous, ce qui est impossible, soit qu’eux se souviennent de moi". C’est pourquoi il s’est forgé ce look d’Indiana Jones. C’est dans ce qu’il appelle le « Far-West malgache » qu’il doit trouver des gisements et statuer de la rareté des pierres qui y sont extraites, pour espérer rentrer les poches pleines de pierres précieuses, qui enrichiront les collections des spécialistes de la place Vendôme à Paris.
Si lui exerce son expertise au bout du monde, d’autres évoluent dans des théâtres bien plus communs. C’est le cas de Jacques Cornut. Cet expert en accidents de la route peut compter sur un œil affuté et de vastes connaissances pour faire parler des carcasses de voitures embouties. "Ici, le bloc moteur est rentré dans l'habitacle. Donc vous avez une vitesse d'absorption qui est de 80km/h". Tel un Sherlock Holmes des carcasses automobiles, il « refait » mentalement l’accident. "L'un a quitté sa voie pour percuter l'autre. Lequel des deux ? J'y répondrai plus tard". Plus tard, c’est-à-dire après avoir tout démonté, analysé, passé en revue chaque détail pour faire parler les débris et surtout s’être déplacé sur place en scrutant les moindres stigmates de l’accident. Jacques Cornut ne s’octroie aucun droit à l’erreur de diagnostic : la police et les assureurs comptent sur lui pour confronter son verdict au leur, et faire la lumière sur ce qui s’est vraiment passé.
Maître Alexandre Giquello, lui, est un expert des enchères. En tant que président de la maison de vente Drouot, il réunit des objets exceptionnels pour les mettre en vente. "Notre métier c'est expertiser, présenter, organiser la vente, et enfin, rendre les acheteurs fous". Et pour les rendre fous, cette fois, cet élégant expert a dégotté treize œuvres d’exception. Ensemble, elles forment la vente qu’il a malicieusement appelée « Tentation ». Le clou du spectacle, c’est un tableau d’Amedeo Modigliani. "C'est quand même un point d'orgue dans une carrière de commissaire-priseur d'adjuger une œuvre d'un artiste qui est dans les 100 les plus influents de tous les temps". Pour estimer l’inestimable, Maître Giquello doit s’entourer des meilleurs experts. On découvre alors qu’il y a toujours, en ces circonstance, un autre expert plus spécialisé que l’expert lui-même. Pour la peinture italienne, Elisabeth Maréchaux est la personne qu’il lui faut. Plaisir partagé par cette spécialiste particulièrement sensible aux grands peintres. "Je pensais qu'au bout de 35 ans de métier on était blasé mais en fait non, j'ai eu un émerveillement. Un Modigliani, on n’en a pas entre les mains tous les jours". Son coup d’œil peut faire varier son estimation d’un, voire plusieurs millions d’euros. "Ce tableau a une magie extraordinaire, ma première estimation c'était de quatre à sept millions ; mais quand je l'ai eu entre les mains, je l’ai estimé finalement à 6 ou 8 millions d’Euros". Après l’étape de l’authentification, cette expertise, au fond, n’a qu’un objectif, vendre la toile au meilleur prix. Or, aussi précise et fiable soit l’expertise, encore faut-il trouver un acheteur. La vente aux enchères sera le moment de vérité.
Deux autres experts toulousains, le père et le fils, sillonnent, à bord de leur "expertibus, les routes de l’Occitanie. Marc et Julien Labarbe vont à la rencontre des Français pour dénicher les trésors de leurs greniers. Le fils, Julien, « aime voir des gens qui ne savent pas ce qu’ils ont chez eux ». À travers les routes de campagne, il espère tomber sur de belles trouvailles, dont même les propriétaires n’imaginent pas le potentiel. C’est d’ailleurs ce qui vient de se passer. Chez une dame âgée, la statue posée depuis des lustres sur sa cheminée se révèle être de grande valeur. Pour Marc, c’est simple, « rien de plus ennuyeux quand on est commissaire-priseur que d’avoir quelqu’un qui sait déjà tout ». Travailler ensemble est une chose, mais Marc est-il prêt à transmettre tout son savoir-faire ? Julien peut-il reprendre les rênes de l’étude paternelle ? Suite de leurs aventures sur les routes à borde l’Expertibus dans l’épisode 2 des « experts »…
Épisode 2 • Tu seras expert mon fils
Père et fils ne sont jamais loin. Marc et Julien travaillent ensemble, à bord de leur "expertibus". Les deux sillonnent les routes de l’Occitanie à la rencontre des Français pour dénicher les trésors de leurs greniers. Le fils, Julien, « aime voir des gens qui ne savent pas ce qu’ils ont chez eux ». À travers les routes de campagnes, il espère tomber sur de belles trouvailles, dont même les propriétaires n’imaginent pas le potentiel. C’est d’ailleurs ce qui vient de se passer. Chez une dame âgée, la statue posée depuis des lustres sur sa cheminée se révèle être de grande valeur. Pour Marc, c’est simple, « rien de plus ennuyeux quand on est commissaire-priseur que d’avoir quelqu’un qui sait déjà tout ». Travailler ensemble est une chose, mais Marc est-il prêt à transmettre tout son savoir-faire ? Julien peut-il reprendre les rênes de l’étude paternelle ?
Certains se forment seuls à force de redoubler d’efforts et de poser les yeux partout. Le parcours de Johann Naldi n’est pas celui d’un expert comme les autres. Il est plus atypique. Selon lui, il permet même « le rêve ». Car lui-même a cru en ses rêves. Initié à la peinture par le résident d’un Ephad, Johann s’est découvert un talent pour observer. Selon lui, « pas de génie là-dedans », juste un certain don pour « ouvrir les yeux ». Il découvre des trésors que n’ont pas vus ses concurrents, qui doutent de l’authenticité de ses découvertes tant ils ne se font pas à l’idée que la chance le choisisse si souvent. Au moment où nous le rencontrons, il veut vendre un tableau signé Gustave Courbet. Mais est-ce un vrai ou un faux ? Johann a fort à faire s’il veut convaincre de potentiels acheteurs et entendre sonner le marteau du commissaire-priseur. Le métier d’expert en art est-il une sorte d’entre-soi ? les nouveaux venus doivent être adoubés par la profession au risque d’être rejetés. Le parcours de Johann est semé d’embûches.
Autre rencontre, Philippe, qui exerce dans un tout autre domaine. Cet expert immobilier est celui qu’on appelle pour évaluer la valeur des biens, qu’il s’agisse des particuliers ou des commerces. Il adore son métier. Il a eu la révélation quand il était enfant : ses grands-parents travaillaient dans un hôtel et régulièrement un expert immobilier y venait pour faire le point sur la valeur de leur pension, il était celui qu’on écoutait. Aujourd’hui, lui aussi maitrise cet art particulier qui est, contre toute attente, celui de forger son expertise en faisant la conversation. Voilà sa botte secrète, communiquer et jouer avec son sourire ravageur pour déceler chaque détail important. Son péché mignon : « donner le ton ». Être celui qui dit oui ou non. C’est lui qui décide si oui ou non le montant des baux immobiliers qu’il examine est le bon.
Nous découvrirons enfin un expert qui a « le nez sous le capot ». Un genre d’expertise différente mais où le talent est tout aussi important. Johan tient ça de son père. Ou plutôt l’a appris de lui. Tous deux sont experts automobiles, on les appelle pour comprendre les circonstances d’un accident de la circulation, ses causes, et donc les responsabilités qui en découlent. Pour le fils Cornut, le parcours n’a pas été simple, tant les méthodes du père étaient rugueuses. Se construire une carte de visite professionnelle avec son propre prénom dans l’ombre d’un père reconnu comme un maître de son domaine, un expert avec un E majuscule, n’a pas toujours été simple. « Dans un jeu de sept familles, il y a le père, le fils … chacun a sa carte à jouer ». Aujourd’hui, les deux travaillent parfois main dans la main. Nous les suivons dans l’examen d’une voiture de prestige, ils doivent tenter de prouver qu’un défaut, un vice caché, a abusé l’acheteur.
Épisode 3 • Au pays des doutes et des certitudes
Marc et Julien travaillent ensemble. Dans cet ultime épisode, on découvre qu’à bord de leur Expertibus, au-delà des compétences techniques qui sont les leurs, père et fils doivent faire face à l’émotion des gens qui viennent présenter leurs vieux objets : "Notre métier fait certes appel à la raison, mais aussi à l’écoute et à la bienveillance."
Philippe, l’expert immobilier, doit quant à lui annoncer une très mauvaise nouvelle à un commerçant charmant qui tient une grande boutique de déguisements, farces et attrapes. Le commerçant a omis par ignorance de renouveler son bail commercial à temps, il se voit frappé d’un doublement du montant du loyer. C’est Philippe qui vient le lui annoncer, avec moult précautions : "Dans mon métier, on se doit d’être juste et impartial, parfois c’est positif et agréable pour les gens, parfois pas, hélas".
Quant à Jacques, l’expert en automobiles, nous le suivons dans son ultime expertise avant qu’il prenne sa retraite après quarante-cinq ans de métier. L’occasion de faire le point sur ce qui, selon lui, fait la valeur d’un expert, et ce quel que soit le domaine : "Le maître-mot, c’est la vérité. Donc il ne faut pas croire les gens, puisqu’ils mentent. Les voitures, elles, ne mentent jamais. A nous de lire la vérité sous les capots."
Dans le troisième épisode de cette série "Les experts", nous rencontrons aussi deux expertes en livres anciens et en tableaux, Elvire et Cécile, qui travaillent notamment pour un commissaire-priseur de Drouot : "Notre maison s’est construite sur les experts, dit celui-ci, sans eux nous ne sommes rien, et la fiabilité des expertises, c’est la base". Nous suivons alors l’organisation de la vente des collections de feu Maurice Druon, célèbre académicien, monument d’histoire à lui tout seul ayant beaucoup inspiré les scénaristes de la série "Game of thrones". Ses livres dédicacés par d’illustres auteurs ainsi que sa collection de tableaux nécessitent un art consommé de l’expertise. "Ma méthode, c’est aussi de l’intuition, car je ne peux pas tout connaître", explique l’experte en livre anciens. "Moi j’aime l’enquête, mon travail est un peu celui d’un détective", renchérit l’experte en tableaux en examinant un Bernard Buffet ayant appartenu à Druon l’Académicien.
Nous suivons aussi les nouvelles aventures de Johann, l’expert autodidacte, qui a deux nouvelles trouvailles : un Delacroix, et aussi un tableau mystérieux qui est peut-être la première et seule représentation graphique de Jack l’éventreur, le célèbre tueur en série demeuré non identifié… sauf par Johann l’expert ?