Soixante ans après les accords d’Évian, cette ambitieuse série documentaire retrace l’un des plus traumatisants conflits coloniaux du XXe siècle. En archives et à travers l’expérience intime de celles et ceux qui l’ont vécu en France et en Algérie, un récit aussi éclairant que touchant.
Volet 4 "Je vous ai compris"
De retour au pouvoir, Charles de Gaulle, accueilli en homme providentiel par les partisans de l’Algérie française, lance à Alger son fameux et ambigu "Je vous ai compris !"
La Ve République est proclamée par un président qui veut moderniser l’Algérie tandis que le FLN crée un Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA). Il ouvre aussi un second front en métropole et refuse la "paix des braves" proposée par de Gaulle.
Sous le commandement du général Challe, l’armée française asphyxie l’ALN au prix du déplacement forcé d’un quart de la population algérienne dans des camps de regroupement dont les conditions de vie sont dénoncées, notamment par Michel Rocard.
Zones interdites, ratissage, recours au napalm… : si la victoire militaire française se dessine, elle a conduit à de nombreux renoncements. Fin 1959, le calme semble revenir. Pour combien de temps ?
Volet 5 "Algérie algérienne"
Tandis que l’armée française maintient la pression, de Gaulle décide de laisser aux Algériens le choix de leur destin – une proposition qui sera soumise à référendum. Mais à Alger, des ultras de l’Algérie française, s’estimant trahis, se révoltent. Ils organisent des manifestations. Cette "semaine des barricades" s’avère sanglante. La guerre tourne au conflit entre Français. Les premières négociations du gouvernement gaulliste avec le GPRA sont dans l’impasse.
En métropole, la société change : artistes, intellectuels, militants et étudiants dénoncent une guerre absurde et manifestent dans les rues. Quelques réseaux de soutien au FLN – les "porteurs de valises" – voient le jour. Le 8 janvier 1961, l’adoption du projet d’autodétermination de l'Algérie ouvre la voie à l’indépendance.
Volet 6 Terrorismes et guérilla
La victoire du "oui" au référendum exaspère une partie de l’armée et des Français d’Algérie. Les partisans les plus radicaux de l’Algérie française fondent l’OAS (Organisation Armée Secrète), qui multiplie les attentats et se renforce après l’échec du putsch d’Alger en avril 1961. La population algérienne reste mobilisée pour l’indépendance mais de Gaulle refuse de céder sur le Sahara, riche en gaz et en pétrole, récent théâtre des premiers essais nucléaires français.
À Paris, la marche pacifique du 17 octobre 1961 vire au massacre. À la suite des négociations entre la France et le GPRA, qui se concluent par les accords d’Évian, le cessez-le-feu entre en vigueur le 19 mars 1962. Français d’Algérie, militaires et harkis quittent le territoire – pour beaucoup dans la précipitation. En juillet, sur fond de fractures au sein du FLN, l’indépendance de l’Algérie est proclamée. Une nouvelle histoire commence…
Une somme magistrale
Ils sont civils algériens, Français d’Algérie, appelés du contingent, engagés et militaires de carrière français, militants indépendantistes du FLN et du MNA, combattants de l’ALN, intellectuels et étudiants, réfractaires, employés de l’administration française en Algérie, membres de l’OAS, supplétifs de l’armée française, porteurs de valises…
Soixante ans après, toutes et tous, certains pour la première fois, racontent, avec une émotion intacte, la guerre telle qu’ils l’ont vécue, à hauteur de jeunes adultes ou d’enfants : les douleurs subies, les actes de violence commis, les illusions brisées, les regrets et les espoirs aussi. Au-delà des mythes entretenus et des a priori tenaces, leurs récits croisés, souvent poignants, surprenants parfois, tissés avec d’extraordinaires archives dont plusieurs inédites, dénouent les fils emmêlés d’une histoire qui encombre encore les mémoires et nourrit les passions des deux côtés de la Méditerranée.
Exposant avec précision l’engrenage du conflit, les concurrences de légitimité dans chacun des camps et les points de bascule conduisant de l’Algérie française à l’Algérie indépendante, ces six épisodes éclairent aussi avec acuité les traces laissées par ces années de violences dans les sociétés et les systèmes politiques des deux pays.
Voir également :
« En guerre(s) pour l'Algérie » : série documentaire à suivre sur ARTE mardi 1er mars (vidéo)